Que dire de 2018? Qu’attendre de 2019?


 2018, encore une année exceptionnelle, en particulier pour le code 3 dont les prix moyens terminent l’année à des niveaux quasi équivalents à ceux de 2017.

L’offre a été modérée face à une consommation dynamique, en particulier les premiers mois de l’année. Le marché à continué à surfer sur l’embellie de la fin de l’année 2017 liée à la crise « fipronil » des mois de juillet et aout.

> Lire aussi : Fipronil, notre retrospective

Tout au long de l’année, malgré un coup de mou au début de l’été, le marché a continué à bien se tenir.

Les niveaux de prix les plus bas ont été constatés fin mai à 0,59€/kg  et fin  juillet à 0,61€/kg. Ces périodes difficiles ont été courtes et compensées par de longues périodes au dessus de 1,00€/kg. (pour voir nos graphiques, cliquez ici)

Le marché de la consommation a été à l’avenant trouvant ses plus bas niveaux de prix fin Mai et fin Juillet, à des prix avoisinant les 0,80€/kg ; face à ces périodes difficiles, le marché a connu de longues périodes à des niveaux très élevés.

> Lire aussi : Notre avis sur le marché

L’année 2018 un bon cru que le niveau de prix d’aliment moyen reste raisonnable..

La tendance a néanmoins été fortement haussière depuis l’été 2018, tendance haussière qui se confirme début 2019.

 
La page blanche est toujours angoissante et l’exercice des pronostics est toujours hasardeux

L’ensemble de la profession a été très optimiste jusqu’à ces derniers jours estimant que l’inertie des très bonnes périodes de fin d’année 2018 devrait permettre un bon niveau de prix au moins équivalent au moins pour  pour le premier trimestre 2019.

Tous les professionnels s’accordent à penser que il n’y a aucune raison de voir les niveaux de production progresser compte tenu du fait qu’il n’y a plus d’investissement en production cage et que la mutation vers les productions alternatives nécessite des arrêts de production.

Quelles pourraient être les grandes tendance de l’année 2019?

  • La poursuite du passage aux productions alternatives
  • Un marché aux niveaux de prix plus incertains
  • Un marché toujours exposé à ses détracteurs et aux risques sanitaires

 

La poursuite du passage aux productions alternatives.

La forte embellie du marché , marquée surtout pour le code 3 a fait oublier les réalités, qui malgré tout vont nous revenir à la figure dès que le marché va fléchir (même si il ne fléchit pas, d’ailleurs).  La mutation doit être opérée, 2019 sera à nouveau une année importante sur ce plan. Les éleveurs qui ont profité de marchés favorables se sont donné les moyens de l’investissement, et les groupes de production retrouvent confiance dans la production d’œufs.

Attention cependant à ne pas verser dans l’euphorie : le niveau des  investissements ramené à la place de poule est très (peut-être trop?) élevé et le niveau des contrats (productions alternatives) prend des tours qui seront peut être difficiles à honorer quand il va falloir ré-aterrir!

On a toujours  beaucoup de mal à retenir les leçons du passé (même pas si éloigné que ça : remise aux normes 2011/2012, par exemple)

> Lire aussi : Mangera-t-on 100 % d’œufs de poules plein air en 2025 ?

 

Un marché aux niveaux de prix plus incertains…

…D’autant plus que le marché est dynamique et que le niveau de consommation est toujours un peu plus élevé que celui de l’année précédente.

Ceci dit, il y a des réalités qu’il faut affronter. Le niveau de la production reste toujours très flou, et ce malgré tous les efforts de la filière pour arrêter de piloter à vue.

 Aucun chiffre clair ne permet de réellement connaître le niveau de la production et seules des impressions permettent de prendre des décisions :

  1. Risque de déséquilibre dans les productions bio qui n’ont pas de filet de sécurité, pour qui la crise est fatale.
  2. Passage des enseignes de la grande distribution à l’alternatif qui va se faire progressivement de 2020 à 2025 ; petit à petit le code 3 ne trouvera plus sa place dans les GMS et se retrouvera uniquement offert à l’industrie.
  3. Gros écarts de prix entre les cotation industrie et consommation qui risque d’être un rideau de fumée pour les éleveurs : cet écart est propre au marché Francais et repose sur les cahiers des charges de la grande distribution. Le passage à l’alternatif sera douloureux!

Ceci dit l’année 2019 pourrait encore bénéficier de la baisse de production liée a la mutation des élevages vers l’alternatif.

 

Un marché toujours exposé à ses détracteurs et aux risques sanitaires

2019 sera certainement toujours marqué par les attaques de nos “adversaires”, en particulier  L214!

Le rouleau compresseur des protectionnistes intégristes est structuré et ne connaît pas de relâche! Il faut bien sur être très vigilant sur la tenue de nos élevage et éviter d’être pris en faute ; il faut aussi au maximum éviter les visites de personnes inconnues dans les élevages.  Tous les modes de production sont concernés!
Il sera important cette année pour la filière de rendre coup pour coup à ses détracteurs!

> Lire aussi : Débat sur l’agri-bashing. L214 : « Ce ne sont pas les agriculteurs les coupables, mais le gouvernement »

Le risque sanitaire est aussi toujours présent (salmonelles, par exemple) avec ses effets bénéfiques, mais qui pourraient aussi être destructeurs et bousculer tous les pronostics de marché!

2019 :  plus que jamais une année charnière…

…qui sera de toutes façons une des dernières années de la primauté du code 3 . Il faut bien sur garder ses cages le plus longtemps possible, elles continuent à s’amortir mais seront aussi indispensables à l’approvisionnement du marché en 2019.

Il n’y a pas non  plus de raison de penser (sauf peut être pour le bio!) qu’au moins le début d’année soit mauvais ; passées les traditionnelles difficultés d’après fêtes, le marché devrait retrouver un niveau acceptable (reprise que l’on sent déjà aujourd’hui 3ème semaine de janvier) .

Une véritable incertitude : le prix des aliments qui a fortement monté ces derniers mois et qu’on ne risque pas de voir baisser avant l’été prochain !  Le prix de revient est élevé (coût alimentaire proche de 0,65€/kg pour le code 3 et qui correspond à peu près au prix du marché industrie aujourd’hui.

> Lire aussi : Nos avis sur le marché de l’aliment

La filière a aussi effectué une autre mutation, en douceur : le passage de l’assurance tous risques (que ne proposent plus les fabricants d’aliment) à une prise de risque prise par les éleveurs. Ces derniers deviennent, du coup, directement concernés par l’évolution du marché. Ces éleveurs vont donc pouvoir dissocier leurs achats de poulettes et d’aliment de la commercialisation de leurs œufs et, ainsi, redevenir des vrais éleveurs responsables. Cet état des choses est rassurant : dès que les difficultés arrivent les éleveurs concernés réagissent et évitent de s’enfoncer dans une crise ravageuse !