Souvenez-vous : c’est en 2010 que nous avions rencontré Sylvie Charrier pour la première fois (FA n°735, p.54). Elle venait de mettre un terme à sa carrière d’assistante maternelle pour se consacrer à l’élevage de poules pondeuses plein air, avec un bâtiment neuf de 20 000 places.
Aujourd’hui, elle gère toujours son activité, à la différence que sa production est désormais certifiée « biologique ». Lorsque nous l’avions revue en 2011 pour nous parler de ses choix en matière de souches (FA n°745 p.92), elle n’excluait pas la construction d’un second bâtiment. Six ans plus tard, si ce projet de construction n’a pas abouti, elle a néanmoins poussé les murs de son poulailler de 60 mètres. Un agrandissement qu’elle a réalisé en 2016, en même temps que l’arrêt de l’activité de gavage que gérait son mari depuis 1997. « Nous avons pris cette décision pour des raisons de santé avant tout, mais la mise aux normes des ateliers de gavages rendaient également les choses plus difficiles si nous choisissions de poursuivre », explique-t-elle. Son mari Denis gère donc désormais la production de poules pondeuses avec elle.
La période d’adaptation et l’apprentissage des bons gestes étant derrière elle, cette éleveuse connaît désormais bien son métier et ne regrette rien de ses choix. Son métier lui permet aujourd’hui de gérer harmonieusement sa vie professionnelle et l’éducation de ses quatre enfants. Et à 53 et 55 ans, le couple d’éleveurs admet en avoir fini avec les projets de construction ou d’agrandissement. Ils vont plutôt continuer à entretenir leur outil de production dans le but ultime de pouvoir le céder un jour lorsqu’ils partirons à la retraite.
Son avis sur le contexte du marché de l’œuf aujourd’hui ? Pour elle, rien de présageait un tel bouleversement et un pareil retournement de situation. « Il est clair que la filière œuf ne pourra pas se transformer aussi vite pour répondre aux exigences attendues de la GMS. Il ne faut pas oublier que 50% de la production d’oeufs en cage est vendue en grande distribution. Donc tout ne pourra pas se faire en claquant des doigts. Cette situation est un véritable casse-tête pour la profession ! »