Poulehouse, la société qui sauvait des poules de l’abattoir, en liquidation judiciaire

Selon son co-fondateur, une quinzaine de personnes vont être licenciées et la ferme où les poules étaient envoyées au lieu d’être dirigées vers l’abattoir va être vendue.

Poulehouse, société spécialisée dans la production d’oeufs de manière éthique et qui avait créé une «maison de retraite» pour poules pondeuses en Haute-Vienne, a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Rouen, a-t-on appris mardi auprès de son cofondateur. La start-up spécialisée dans le bien-être animal, créée en 2017, s’est vue réclamer le paiement de factures par le groupe ONE (Oeufs Nord Europe), qui s’occupait du conditionnement et de l’expédition des oeufs, alors qu’elle s’apprêtait à lever entre 1,2 et 1,4 million d’euros par le biais d’une collecte de fonds, a indiqué Fabien Sauleman.

«On allait être rentable au mois de mars. Ils (ONE) ont réclamé l’argent qu’on leur devait, justement au moment où nous n’avions plus d’argent…», a-t-il dit. Selon lui, une quinzaine de personnes vont être licenciées et la ferme de 16 ha située à Coussac-Bonneval (Haute-Vienne), où les poules des éleveurs partenaires de Poulehouse, qui deviennent moins productives après 18 mois, étaient envoyées au lieu d’être dirigées vers l’abattoir, va être vendue. «Nous avons 25.000 poules à faire adopter…», a ajouté Fabien Sauleman. «Malheureusement, des éleveurs partenaires risquent de perdre de l’argent».

Mis en cause sur les réseaux sociaux, le groupe ONE regrette dans un communiqué que Poulehouse tende à «décrédibiliser le travail réalisé depuis des décennies par le Groupe ONE au bénéfice des éleveurs (…)», ajoutant s’être «comporté comme un promoteur du projet Poulehouse en ce qu’il correspond aux valeurs qui sont les siennes depuis l’origine». «C’est terrible à dire mais aujourd’hui, la filière est ravie que l’on n’existe plus», a assuré Fabien Sauleman. «Elle s’est enfin débarrassée de ce moustique qui lui sifflait dans les oreilles. Ils ont tué Poulehouse, mais ils n’ont pas tué l’idée d’une amélioration du bien-être animal».

La société travaillait avec des producteurs dont les volailles, élevées en plein air, ne subissaient pas de mutilation du bec, pratique généralement utilisée pour éviter qu’elles ne se blessent entre elles. Elle proposait aussi des oeufs issus d’élevages ne pratiquant pas le broyage ou le gazage des poussins mâles, sort que connaissent au moins 45 millions de poussins chaque année en France. Selon la technique du «sexage in ovo», seuls les oeufs possédant l’hormone femelle étaient couvés grâce à une innovation développée par la société allemande Seleggt. En contrepartie de ce cahier des charges, les consommateurs acceptaient de payer le prix fort: un euro l’oeuf. En quatre ans, Poulehouse en a vendu 10 millions.

 

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