Face à la montée du phénomène de l’agribashing, la préfecture met en place un observatoire des actes de malveillance ciblant les agriculteurs en Loire-Atlantique. En y associant les principaux concernés.
Des militants de la cause animale qui s’introduisent de nuit dans un élevage de poules pondeuses, un agriculteur menacé de mort par un riverain alors qu’il sème du blé dans son champ, des propos rageurs sur les réseaux sociaux contre des syndicats coupables de défendre l’agriculture conventionnelle, des arrêtés anti-pesticides pris par des maires en toute illégalité…
« Des méthodes de voyous qui doivent être lourdement condamnées »
Même si on y constate encore peu d’infractions relevant du pénal (intrusions, incendies volontaires…), comme dans d’autres départements, la Loire-Atlantique n’échappe pas à la vogue de l’agribashing.
Dénonçant un phénomène préoccupant qui tend à s’amplifier sur l’ensemble du territoire, notamment sous l’action de groupuscules parfois radicaux et violents
», le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a demandé en novembre dernier à toutes les préfectures d’installer un observatoire de l’agribashing dans chaque département.
Après une dizaine d’autres, celui de la Loire-Atlantique a été installé hier par le préfet, Claude d’Harcourt, en présence de tous les acteurs concernés : chambre d’agriculture, syndicats agricoles, représentants de la justice, de la gendarmerie et des différents services de l’État. Objectif affiché : Dresser un état des lieux de la situation et propose des solutions pour prévenir et lutter contre les menaces et les agressions ciblant les agriculteurs
.
Pour Alain Bernier, le nouveau président de la chambre d’agriculture, la mise en place de cet observatoire est une très bonne nouvelle : C’est la reconnaissance par l’État de la réalité d’un fléau qui ronge le moral des agriculteurs ».
Dénonçant des méthodes de voyous qui doivent être lourdement condamnées
, Catherine Laillé, la présidente de la Coordination rurale 44, craint que si on laisse faire ce soit bientôt la fin de l’élevage
.
Plus nuancé, son homologue de la Confédération paysanne 44, Dominique Deniaud, estime qu’il faut éviter de faire l’amalgame entre les intrusions dans les exploitations dans le but de nuire, les vols de matériel ou d’animaux (*) et les questionnements de la société, parfois dérangeants, sur certaines pratiques agricoles ».
Réseau d’alerte
Concrètement, la chambre d’agriculture va mettre en place un réseau d’alerte inspiré de celui créé en 2014, dans le cadre d’une convention de partenariat signée entre la gendarmerie, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs. Ça marche bien. Dès qu’un vol ou une intrusion est constaté, on s’envoie des SMS pour alerter tout le monde »,
explique François Guyot, de la FNSEA 44.
Côté justice, le procureur de la République Pierre Sennes souligne que l’arsenal pénal peut tout à fait s’appliquer à des individus qui s’introduisent dans des exploitations agricoles dans l’intention de nuire
. L’observatoire de l’agribashing se réunira régulièrement pour faire le point
, a indiqué le préfet. Reste à savoir si cela suffira à enrayer le phénomène.
(*) 400 vols recensés en 2019, selon la gendarmerie