Sur le terrain, le projet se résume pour l’heure à un panneau planté en bordure d’un champ, témoignant de la délivrance d’un permis de construire par la mairie. Mais déjà, entre Vicnau, Lialores et Lasbadies, une levée de boucliers fait front à la création sur le site d’un élevage destiné à accueillir 29 900 poules pondeuses.
Le bruit a couru dès l’été dernier sur ces coteaux du Condomois. Une annonce sur laquelle se sont penchés certains riverains. Porté par Christophe Modéna, le projet s’inscrit dans le giron de «L’œuf gascon», société basée à Damazan, qui possède déjà plusieurs sites de production d’œufs de plein air dans le Lot-et-Garonne. Pour l’exploitant, le choix du terrain a été conditionné par sa possible alimentation en eau et électricité, sa voie d’accès, son aspect plat voire encaissé pour réduire les nuisances visuelles aux premières habitations situées à plus de 800 mètres. Des plantations d’arbres sont par ailleurs prévues pour masquer le poulailler haut de 5 mètres et les silos qui le jouxteront. Les contraintes exigées semblent de fait réunies puisque le permis de construire a été délivré. À la tête d’un collectif informel de riverains, Franck Grenier n’est pas de cet avis. «Nous nous sommes mobilisés pour solliciter un recours gracieux auprès du maire afin qu’il retire le permis de construire mais il n’en a visiblement pas les moyens. Mais pour nous, cette réalisation est inconcevable !»
Crainte de nuisances
À l’instar de la dizaine de cosignataires du recours gracieux, Franck Grenier avance plusieurs arguments. Ceux -ci vont de la proximité de sites patrimoniaux classés ou remarquables aux nuisances visuelles et olfactives, en passant par l’arrivée possible de nuisibles, le coup porté à l’activité touristique ou encore à la valeur immobilière des maisons alentour. D’autres membres du collectif, à l’instar de Françoise Dubos, mettent aussi en avant le bien-être animal pour dénoncer le projet. Certains ne cachent pas non plus leur crainte de voir le poulailler, déployé sur plusieurs hectares, se développer au gré des ans. Justifiées ou non, les craintes des riverains n’ont de toute façon pas pu être balayé par Christophe Modena malgré son offre de faire visiter des poulaillers similaires dans les environs. Un esprit de dialogue de la part du porteur de projet que contestent les riverains qui auraient de toute façon préféré voir celui-ci implanter le poulailler ailleurs sur son exploitation. Le divorce entre la campagne productive et celle de la douceur de vivre semble en tout cas acté.