
Dans sa nouvelle campagne de communication lancée le 22 avril, L214 s’en prend aux élevages de poules pondeuses élevées au sol, considérés comme la fausse alternative aux cages aménagées. L’interprofession de l’œuf (CNPO) répond aux diverses attaques reçues et remet en cause le réalisme des doléances formulées par l’association.
« Vous êtes-vous déjà senti trahi par un produit rempli de promesses mais qui finalement, ne s’avère pas du tout conforme à la belle histoire racontée sur l’emballage ? » Telle est l’accroche de la vidéo choc publiée le 22 avril 2021, par l’association antispéciste L214.
Cette fois, ce sont les œufs de poules élevées au sol (code 2) qui sont dans le viseur de l’organisation anti-élevage, qui demande tout bonnement l’abandon des élevages sans accès extérieur. La pétition associée à la campagne, interpellant les producteurs et la grande distribution, a récolté 20 000 signatures le jour même de sa mise en ligne.
Une attaque en cinq actes
Les attaques formulées par L214 se résument en cinq points. Contacté par La France Agricole, le secrétaire général de l’interprofession de l’œuf (CNPO), Maxime Chaumet, y a répondu.
- L214 affirme que « 100 000 poules peuvent être détenues dans les élevages au sol en bâtiments fermés ». S’il est vrai que la réglementation européenne (directive 1999-74) s’intéresse plus à la densité qu’à la taille du cheptel, « la moyenne tourne plutôt autour de 20 000 poules pondeuses par bâtiment », souligne Maxime Chaumet, pour qui la valeur avancée par L214 fait figure d’exception.
- L214 avance que « les poules n’ont pas accès au moindre brin de paille ». La présence de litière dans les bâtiments est bel et bien obligatoire, « mais la paille n’est pas la seule matière première à disposition des éleveurs », appuie le secrétaire général.
- L214 assure que « des centaines de poules meurent de maladies ou de fractures sans être soignées ». Le passage quotidien de l’éleveur dans ses bâtiments est également une norme inscrite dans la réglementation européenne. À cette occasion, « l’état des animaux est surveillé, des traitements peuvent être promulgués et les poules mortes sont ramassées. »
- L214 déclare que « le stress engendre des comportements de picage entre poules ». S’appuyant sur une étude publiée par l’Itavi l’an dernier, le représentant du CNPO affirme que « le phénomène de picage est multifactoriel. » Si l’ambiance du bâtiment et le stress jouent effectivement un rôle dans l’émergence de ce comportement, « la génétique a également sa part ». Quant aux cas de cannibalisme évoqués dans la vidéo, « cela reste très rare et les visites régulières des éleveurs permettent de l’éviter. »
- L214 affirme que « les nids ne répondent pas aux besoins des poules ». Comme le rappelle Maxime Chaumet, « la présence et la dimension des nids sont encadrées par la réglementation européenne. » Comme c’est le cas pour les autres équipements disponibles (perchoirs). Quant à la mise en pratique, « il est vrai qu’on est souvent loin du nid de paille que l’on vient inspecter avec un panier en osier mais la pénibilité du travail pour les agriculteurs est également un aspect à prendre en compte », relève Maxime Chaumet.
Un mode d’élevage « plébiscité par les consommateurs »
Finalement, la conclusion formulée par L214 est la suivante : ces élevages sont « une fausse solution » à la disparition des élevages de poules en cage. En 2019, les œufs de code 2 représentent 12 % de l’offre proposée aux consommateurs. Et ce chiffre est en constante évolution.
« L’élevage au sol est souvent la seule alternative pour les éleveurs qui arrêtent les cages aménagées, faute de foncier disponible », révèle le secrétaire général du CNPO. Mais cet argument est loin d’être le seul à remettre en cause la faisabilité des doléances énoncées par L214. « Il faut également penser à la compétitivité de notre production et à l’indispensable maintien de la souveraineté alimentaire française sur les œufs. »
Le dernier argument avancé par Maxime Chaumet concerne le prix des œufs de poules élevées au sol. « C’est un critère capital pour les industries agroalimentaires et la restauration collective, mais aussi pour le consommateur. » D’après le panel Iri, 100 œufs de code 2 reviennent à 18 €, contre 24 € pour du plein air, 32 € pour du label rouge et presque 36 € pour du bio. Avec la remise en cause de l’élevage en cage, « ce mode d’élevage est aujourd’hui plébiscité par les consommateurs. Le panel Kantar fait état d’une progression des ventes d’œufs de code 2 de 126 % en 2020. »
Finalement, le secrétaire général « n’est pas dupe » et estime que cette campagne ne constitue qu’une « marche de plus vers l’abolition de l’élevage », du point de vue de l’association. De son côté, « les priorités du CNPO restent d’assurer l’avenir des producteurs, d’accompagner les transitions entre les modes d’élevage et de garantir la souveraineté alimentaire du pays. »