Les oeufs sont faits (reste à fixer leur prix)

Entre le moment où l’oeuf quitte le producteur et celui où il orne la table de votre petit déjeuner, une étape importante doit se produire. Elle se déroule dans la salle du conseil de la maison communale de Kruishoutem, Flandre orientale.

C’est ici que, depuis 1954 se réunit la commission nationale qui fixe le prix auquel les grossistes vont acheter les oeufs aux producteurs. Pourquoi Kruishoutem ? Parce que, dans les années 50, on y trouvait un grand nombre d’élevages. Et le plus grand marché aux oeufs de Belgique.

Aujourd’hui, le marché a disparu

Mais la commission est restée. Et ne venez pas suggérer au bourgmestre qu’il serait peut-être plus logique de la déplacer à Bruxelles : “On nous l’a déjà suggéré, mais nous faisons tout pour qu’elle reste ici. Parce que, pour arriver à Bruxelles, il y a de longs embouteillages. Ce n’est pas vraiment la peine pour une réunion qui ne dure grand maximum qu’un quart d’heure.

La commission s’occupe de tous les oeufs

Qu’ils proviennent de poules en batterie ou élevées au sol, qu’ils soient bruns ou blancs (les bruns sont plus appréciés du consommateur et coûtent donc un peu plus cher. Même s’ils sont rigoureusement semblables). Et les prix varient selon leur calibre.

La commission se réunit tous les mardis à 11h 30 tapantes

Elle rassemble 4 représentants des grossistes et 4 des producteurs. Ils viennent de tout le pays. Enfin, de toute la Flandre. Elle est présidée par un représentant de la commune. Quand on demande au Président quel est l’organisme qui désigne les membres, la réponse ne se fait pas attendre : ” Ils décident ça entre eux, au travers de leur organisation professionnelle. Les membres sont là depuis 10, 15 ou 20 ans. Il y en a même un qui est dans la commission probablement depuis 40 ans.”

C’est vraiment représentatif du secteur ?

Heu… Oui, oui, c’est comme ça, oui.

Dans l’économie de marché, la fixation des prix est la plupart du temps libre. Et donc, les prix décidés par la commission sont donnés à titre purement indicatif, personne n’est obligé de les suivre. Mais le secteur belge, d’Ostende à Arlon, les suit, à 90%, estime le président de la commission.

11h 30, la porte se referme

C’est derrière ce huis-clos que se décidera le prix des oeufs pour la semaine du 16 août, jour de notre tournage. Crise du fipronil oblige, la tension est palpable : quelques représentants, aussi bien des producteurs que des grossistes, claquent la porte. Et sont avares de commentaires.

Trois quarts d’heure plus tard, fin de la réunion

Tout sourire, comme s’il n’y avait eu ni souci ni tension, le président peut annoncer : “Oui, nous avons un accord ! ” Cette semaine, le prix des oeufs a augmenté de 2,5%, parce qu’il y avait plus de demande que d’offre.

Ce qui donne, pour le calibre le plus fréquent dans le commerce : 6,83 €. Pour 100 oeufs. Entre son achat par le grossiste et son arrivée en magasin, l’oeuf verra donc son prix multiplié trois à cinq fois.

Après la fin de la réunion

La liste des prix est communiquée aux services communaux. Qui les mettent en ligne, sur le site internet de la commune, à 13 h précises. Afin que les grossistes des pays voisins aient une idée des prix chez nous. Quitte à venir se fournir en Belgique s’ils sont plus avantageux que chez eux.

 

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