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« Le scandale du fipronil a renforcé l’image des œufs français »

Si les ventes ont décroché après l’annonce de la fraude, le consommateur à rapidement retrouvé confiance en la production française. Il en va de même pour les industriels européens, qui tirent aujourd’hui la demande en œufs français vers le haut. Bilan : les disponibilités ne suivent pas.

« L’œuf a eu une actualité chargée, cette année. » C’est ainsi que Philippe Juven, le président de l’interprofession de l’œuf (CNPO), a ouvert la conférence de presse organisée ce 5 octobre 2017 à Paris. Car la filière a été secouée en août par la crise du fipronil. Néanmoins, les professionnels ne se sont pas tant étendus sur la problématique.

Un redémarrage gagnant

« La France n’était pas concernée par le scandale, lance Loïc Coulombel, président du Syndicat national des industriels et professionnels de l’œuf. La fraude a touché les Pays-Bas, l’Allemagne, la Belgique. Elle a au contraire renforcé l’image des œufs français. » Si les ventes ont effectivement chuté de 6 % pendant la semaine du 6 au 13 août, à l’annonce du scandale, elles ont vite redémarré, gagnant à progressivement 2 % chaque semaine suivante.

Selon le CNPO, la crise estivale a orienté la demande vers les produits de l’Hexagone, non sans déséquilibrer le marché. « La production s’est très légèrement repliée, constate Ludovic Duriez, directeur général de l’Œuf de nos villages. Mais la hausse de la demande est telle que la production n’a pas pu suivre et que les prix grimpent brutalement. »

Entre le début d’août et la troisième semaine de septembre 2017, le cours des œufs coquilles a bondi de plus de 25 %, tandis que celui des œufs destinés à l’industrie flambait de 49 %. Les professionnels estiment que, pour répondre aux besoins, la production française devrait s’élever à près de 12 milliards d’œufs sur les dix premiers mois de 2017, soit 5 % de plus par rapport à la même période de l’an passé.

Cap vers l’alternatif

Elle l’avait annoncé en 2016 : l’interprofession s’engage dans un contrat sociétal, dans lequel elle promet qu’une poule sur deux sera élevée en élevage alternatif d’ici à 2022. Elles sont aujourd’hui environ 32 % à s’ébattre en plein air. « Cette initiative est approuvée par 94 % des Français, assure Philippe Juven. Et 79 % d’entre eux sont prêts à joindre l’acte à la parole, c’est-à-dire payer leurs œufs plus chers. » Le CNPO prévoit un investissement nécessaire de près de 500 millions d’euros.

Cet ambitieux « contrat sociétal » guidé par la demande des consommateurs, et les distributeurs qui tournent le dos aux systèmes en cages, arrive cinq ans après la mise aux normes européennes qui a déjà coûté près d’un milliard d’euros à la filière. « Des éleveurs vont devoir abandonner les cages alors qu’ils ont encore des encours », note Philippe Juven. Aussi le CNPO demande-t-il aux partenaires de la filière un véritable engagement, en contribuant par exemple au financement des arrêts de production en cages aménagées, ou en contractualisant à moyen et long termes avec leurs fournisseurs.

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