Le bien-être animal vu par Didier Guillaume

Attendue depuis des mois, la stratégie pour la protection et l’amélioration du bien-être animal a été présentée, ce 28 janvier, par le ministre de l’agriculture Didier Guillaume.

Le ton est donné. “Il ne faut pas dissocier le bien-être de l’animal du bien-être de l’éleveur”, a déclaré le ministre de l’agriculture lors d’une conférence de presse. Le plan gouvernemental, qui vise à fois les animaux d’élevage et de compagnie, comprend deux mesures-phares déjà évoquées dans le passé: l’interdiction de la castration à vif des porcelets et l’interdiction du broyage des poussins à partir de la fin 2021.

POUSSINS BROYÉS ET ASPHYXIÉS

Considérés comme non rentables dans la filière de production des oeufs, les poussins mâles sont en effet tués, le plus souvent par asphyxie au dioxyde de carbone ou par broyage. Au contraire, les femelles deviendront des poules pondeuses. Si ces mâles ne sont pas orientés vers la filière des poulets de chair, c’est «au nom de souches jugées peu performantes en termes de croissance et de conformation de carcasses», indique l’Institut technique d’aviculture (Itavi). Autorisé par un règlement européen de 2009, le broyage doit permettre une mort immédiate des poussins jusqu’à 72 heures après leur naissance. Une technique pourtant barbare dénoncée depuis 2014 par l’association L214. L’association affirme d’ailleurs que «les nouvelles annonces, dont la fin du broyage des poussins, étaient déjà connues» et déplore «ne voir ni plan d’action ni inscription dans la loi». Elle réclame d’autres mesures comme la suppression de l’abattage sans étourdissement ou l’abattage des cochons par dioxyde de carbone.

ELEVAGE OU SEXAGE

Deux alternatives au broyage existent aujourd’hui. A commencer par l’élevage des poussins mâles. Mais l’association Welfarm estime que la filière avicole manque de volonté pour développer une race mixte, propre à la ponte et à la consommation de viande, car elle se fera peut-être au détriment de la productivité des poules. Deuxième possibilité : le sexage dans l’œuf, une technique expérimentée dans plusieurs pays européens, notamment en Allemagne avec la technologie Seleggt. Mais «sa mise en place à l’échelle industrielle dépendra de la fiabilité du processus de détection du sexe et de non-dégradation du taux d’éclosion», estime l’Itavi.

PORCELETS CASTRÉS POUR ÊTRE PLUS GRAS

La castration des porcelets, elle, est pratiquée pour rendre les porcs plus gras et éviter l’odeur nauséabonde de certains mâles lors de la cuisson. Mais sa fin est déjà amorcée. La coopérative Cooperl, qui regroupe un quart des éleveurs français, affirme ainsi que 85% des 2.700 éleveurs l’ont déjà supprimée, en embauchant une trentaine de nez humains pour détecter les carcasses odorantes. Un obstacle de taille, toutefois : la castration est pour l’heure la seule solution permettant de produire l’odeur spécifique du jambon de Bayonne. Mais des recherches sont en cours, dont la castration sous anesthésie. «Elle risque d’être pratiquée par les éleveurs, qui ne sont pas vétérinaires. Qui contrôlera ?», s’interroge Christophe Marie, porte-parole de la Fondation Bardot.

TRANSPORT UN PEU PLUS CONTRÔLÉ

Enfin, le ministre de l’agriculture saisit le Centre national de référence du bien-être animal pour qu’il identifie les pratiques douloureuses et leurs alternatives. Quant au transport, des vétérinaires privés pourront être habilités à contrôler les chargements d’ici à fin juin et les sanctions en cas de non-respect de la réglementation européenne seront renforcées. En revanche, le ministère ne propose aucune règle plus stricte, si ce n’est un enregistrement obligatoire des températures lors d’un transport maritime.

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