La pression Influenza monte encore en Europe

Les détections de virus influenza se multiplient au sein de l’avifaune européenne, et l’Italie ne parvient pas à éradiquer H5N8 HP de ses élevages.

Les virus influenza, notamment les H5N8 hautement pathogènes (HP), n’ont pas fait de pause en Europe durant l’été dernier. Ils ont été retrouvés en Belgique, France et Luxembourg en juin, puis à partir de juillet en Suisse et en Italie du Nord.

Au 2 novembre, l’Italie comptabilisait 48 foyers depuis la reprise de l’épizootie le 20 juillet, sans compter les détections dans l’avifaune sauvage (voir carte interactive).

L’avifaune suisse continue d’être détectée positive. C’est pour cette raison que la France a placé l’Ain, la Haute-Savoie et la Savoie en risque modéré, avec obligation de confinement dans les zones humides de ces départements.

Deux foyers de H5 faiblement pathogène ont été détectés en France (dindes repros claustrées) et aux Pays-Bas (poules pondeuses), ainsi que deux foyers H5 HP en Bulgarie fin octobre (élevage et basse-cour).

Limiter les contacts au maximum

L’avis scientifique de l’autorité sanitaire européenne (Efsa), en date du 14 septembre (mis en ligne le 16 octobre), en fait le constat : les virus H5 HP sont devenus endémiques dans l’avifaune sauvage résidente et migratrice. L’Europe entre dans la période du risque maximum, car plus le nombre d’oiseaux migrateurs augmente (effet de seuil critique), plus le risque de foyers dans les élevages aussi.

Le rapport préconise aux Etats membres de renforcer la surveillance passive de l’avifaune en signalant tous les oiseaux trouvés morts, de manière harmonisée et coordonnée au niveau européen. Ainsi que de renforcer les tests de dépistage parmi la population de canards et oies d’élevage qui peuvent entrer en contact avec l’avifaune et propager du virus influenza sans manifester de signes cliniques. La propagation d’IA HP entre fermes est jugée hautement probable en l’absence de mesures de contrôle.  La mesure de prévention la plus durable et la plus efficace serait d’empêcher les contacts directs avifaune-élevage par le non-accès aux plans et points d’eau (et d’alimentation), la pose de filets ou le maintien à l’intérieur des bâtiments durant les périodes les plus à risque. Restreindre l’accès des personnes aux élevages est aussi très important, ainsi que limiter les mouvements d’animaux.

Dérogation française contestée

Ces recommandations apportent de l’eau au moulin des interprofessions de la volaille de chair (Cicar, Cidef, CIP, CIPC, Synalaf) qui ont écrit au ministre Stéphane Travert au mois d’octobre. Elles lui demandent d’abroger la dérogation des 3200 volailles pouvant restées en plein air en période de risque élevé. Ce nombre aurait été arbitrairement fixé par l’ancien ministre, sans fondement scientifique. Tous les élevages de plein-air qui détiennent plus de 3200 volailles ou canards pourront n’enfermer que la différence avec leur effectif réel (par exemple 1800 canards sur 5000 détenus). Dans les zones à forte densité avicole, avec des exploitations proches, continuer d’exposer ces réservoirs au virus pose question.

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