Carlo Di Antonio ne veut «plus de poules en cages d’ici à 2022»

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Le ministre wallon du Bien-être animal sort les griffes, en pleine crise des œufs contaminés au fipronil. Dans La Libre, ce mardi, il annonce son souhait de «  ne plus octroyer de permis pour la production d’œufs nº3  », les œufs de poules élevées en cages. Contacté par Le Soir, le ministre CDH précise sa pensée, notamment vis-à-vis de la législation européenne. La Commission autorise en effet l’élevage en batterie, mais a imposé ces dernières années des cages dites « aménagées », de 750 centimètres carrés par volaille.

Comment, dans ce cadre, fermer les exploitations wallonnes ? Carlo Di Antonio dévoile son plan de bataille.

Vous ne souhaitez plus d’élevages de poules pondeuses en batterie en Wallonie. Pourquoi ?

Heureusement, le nombre d’exploitations de ce type est déjà en diminution. Elles étaient 19 en 2014, il n’en reste plus que 13. La Wallonie est en pointe : 37 élevages sur la soixantaine que compte notre territoire produisent des œufs de code 0 ou 1 (des œufs bios ou issus de poules élevées en plein air, NDLR), contre 9 élevages de poules au sol et 13 en cages. Les œufs de poules élevées en cage sont de moindre qualité. Ils ne sont d’ailleurs presque plus vendus tels quels en magasins, mais servent surtout de base à l’industrie agro-alimentaire. D’autre part, on n’est pas à l’abri d’une crise des œufs contaminés comme aux Pays-Bas, car les cages sont aspergées d’insecticides et d’autres produits. Enfin du point de vue du bien-être animal, c’est une catastrophe ! Les poules qui sortent de ces élevages sont des cadavres vivants. Il existe bien des associations qui tentent de retaper les animaux, mais la plupart est destinée à l’abattoir.

Avez-vous le pouvoir de mettre fin à ces élevages ?

Sur le volet bien-être animal, non. L’Union européenne a pris attitude sur la question et autorise l’élevage en cages sous conditions. On essaye de jouer sur les recours concernant les permis d’exploitation. Les éleveurs connaissent notre opinion. Nous sommes extrêmement sévères sur la délivrance de permis d’exploitation.

Au niveau économique, les distributeurs nous disent qu’il manque de production wallonne d’œufs bios. C’est une demande du consommateur. En plus, le différentiel de prix entre un œuf industriel et un œuf de code 0 ou 1 est minime.

Avez-vous parlé de votre position à votre collègue ministre de l’Agriculture, René Collin ?

Il connaît cette position, il sait que je ne suis pas très favorable au renouvellement des permis d’exploitation. Toutefois, on doit penser aux éleveurs qui ont investi il y a 5, 6, ou 7 ans dans un élevage de poules en cage et les laisser amortir cet investissement. Donc nous laissons « vivre » ces permis le temps que les éleveurs puissent faire évoluer leur mode de production.

A quel horizon espérez-vous « zéro poules en cage » en Wallonie ?

Au rythme où cela diminue, j’espère en 2020 ou 2022. La Flandre est beaucoup plus industrialisée que nous à ce niveau : ce n’est pas la même agriculture. Lorsque la Belgique se présente devant les institutions européennes pour parler d’élevage, les intérêts ne sont pas les mêmes.

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