Après avoir passé au crible 130 produits alimentaires bio, le magazine affirme ce mercredi que le secteur est “loin d’être sans failles”.
Dans son hors-série de juillet-août consacré au “meilleur du bio”, le magazine 60 Millions de consommateurs met en garde contre les “montagnes de promesses” du secteur qui est “loin d’être sans failles”, après un banc d’essai de 130 produits dans 14 catégories alimentaires.
Tweet de 60 millions de consommateurs :
⚠️ Avec sa massification, la production #bio présente les mêmes dérives que la filière conventionnelle ?#alimentation #agriculture #consommation #lemeilleurdubio https://t.co/OLZy1UVDkQ
— 60 Millions de consommateurs (@60millions) June 5, 2019
“A l’heure où les scandales alimentaires s’enchaînent, le logo fait figure de Graal. Pourtant il est loin d’être sans failles”, souligne la rédactrice adjointe du magazine, Christelle Pangrazzi, citant plusieurs dérives, comme l’exploitation de travailleurs immigrés dans les champs ou l’utilisation de l’huile de palme, autorisée malgré le fait que sa culture participe à la déforestation.
Or, ajoute-t-elle, “en optant pour le bio, le consommateur devrait avoir la garantie d’acheter responsable d’un point de vue aussi bien nutritionnel qu’écologique ou éthique”.
Certains laits et oeufs bio chargés en dioxines
Etant donné le poids du secteur côté consommateur, “l’heure n’est plus aux montagnes de promesses, si bio soient-elles”, conclut Christelle Pangrazzi. Parmi les 130 produits testés par le magazine, quelques-uns sont consommés régulièrement : le lait, les céréales du petit-déjeuner, la pâte à tartiner, les pommes, mais aussi le vin, la viande ou le poisson.
Le magazine explique que certains laits et oeufs bio se sont révélés plus chargés en dioxines et PCB que des laits ou oeufs dits conventionnels. “Les dioxines sont des molécules issues de rejets industriels, notamment des incinérateurs. Quant aux PCB, leur fabrication est interdite en France depuis 1987, mais ces produits chimiques ont la propriété de s’accumuler dans les sols et d’y persister pendant des années. Ils sont cancérogènes et perturbateurs endocriniens pour l’homme”, met en garde 60 Millions de consommateurs.
Des phtalates dans les huiles d’olive bio
L’étude a également relevé la présence de phtalates – des plastifiants – dans certaines huiles d’olive bio. À l’inverse, certaines huiles “conventionnelles” en contenaient moins ou pas du tout.
Le magazine, édité par l’Institut national de la consommation (INC), pointe plusieurs points à améliorer : l’utilisation des engrais et pesticides, l’exploitation intensive, l’impact carbone négatif des fruits hors saison, le fait que certains fruits et légumes bio soient vendus sous plastique…
Il rappelle également que “manger exclusivement bio est une utopie, pour des raisons économiques, mais aussi parce que toutes les denrées ne sont pas disponibles”.
5% des achats alimentaires des Français
Selon les chiffres révélés mardi par l’Agence Bio, le bio représente désormais 5% des achats alimentaires des Français, avec près de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
L’Agence Bio note également le renforcement du poids de la grande distribution, qui commercialise désormais la moitié des produits bio, alors que jusqu’à l’an passé, les commerces spécialisés menaient la danse. La vente directe conserve 12% de parts de marché en 2018 (+12,8%).