Visite au cœur d’un élevage de poules pondeuses Cocorette

Pascal et Laëtitia Pochet sont éleveurs. Lui, de vaches laitières ; elle, de poules pondeuses Cocorette. Quatre mille poulettes tout pile, qui gambadent joyeusement au grand air, été comme hiver. Mais au fait, ça ressemble à quoi et comment ça marche, un poulailler Cocorette ? Visite.

«  Cot, cooot, cotcotcot…  », caquettent paisiblement les cocottes derrière la porte. «  Toc, toc, toc  », tapote délicatement Laëtitia Pochet avant d’entrer. «  Si on ouvrait d’un coup, elles pourraient prendre peur et s’envoler dans tous les sens. Alors on frappe toujours avant.  » La porte s’ouvre sur l’immense poulailler.

vue d'ensemble

Le caquètement se fait interrogatif. Quatre mille poules rousses dardent du tac-au-tac leur regard sur les intrus. Une mer de plumages, de becs et de crêtes s’offre au regard. L’effet est saisissant. «  Avant d’avoir l’élevage, j’avais peur des poules, souffle Laëtitia Pochet. On a en visité plusieurs pour que je m’habitue.  »

Son mari Pascal a repris un élevage laitier en 1999. Laëtitia s’est installée en 2012 après avoir élevé leurs quatre enfants. «  À la fin de mon congé parental, soit je retrouvais un travail à mi-temps à l’extérieur, soit je m’installais sur la ferme, mais avec un projet à moi.  » À l’époque, Cocorette cherche des éleveurs. Le couple saisit la balle au bond.

pascal et laetitia

Un poulailler de 560 m² sort de terre sur l’exploitation. Truffé de capteurs de température, il y règne entre 18 et 20ºC toute l’année.

Du ramassage à la main…

Des trappes automatiques s’ouvrent chaque jour à 11 heures et se ferment après le coucher du soleil. «  Dès 10 h 45, elles font la queue devant. Dès qu’elles s’ouvrent, hop ! On les voit se ruer dans la pâture  », s’amuse Pascal Pochet.

alignement

À ses débuts, Laëtitia Pochet élève 3 500 poules dont elle ramasse les œufs à la main. Elle obtient la catégorie « œufs fermiers Label Rouge ». Mais cette reconnaissance a un prix : elle consacre chaque jour 4 h 30 au ramassage. Non sans récolter moult pinçons et coups de becs au passage : «  Elles défendaient leurs œufs, c’est normal.  »

… à l’automatisation

2016 marque un tournant. Les Pochet investissent 30 000 € pour installer un ramassage automatique. Plus que du temps, Laëtitia s’affranchit des poussières et des vapeurs d’ammoniaque. Les œufs, toujours Label Rouge, perdent toutefois leur appellation fermière.

Aujourd’hui, ce n’est plus l’éleveuse qui va chercher les œufs, mais les œufs qui viennent à elle. Sitôt pondus, ils roulent délicatement le long d’une pente douce vers le fond du nid, passent derrière un petit rideau et atterrissent sur un étroit tapis roulant.

nid

Dans une pièce voisine du poulailler, il suffit à Laëtitia d’actionner un bouton pour que le tapis s’ébranle. Les œufs arrivent alors directement dans des sortes de paniers. L’éleveuse n’a plus qu’à les récupérer et les trier pour les placer dans des alvéoles.

Vente directe

Porté à 4 000 poules, l’élevage produit 3 500 œufs par jour. Soit entre un million et un million cent mille par an ! La majorité est acheminée par camion deux fois par semaine à l’usine de conditionnement de Doullens. Une petite partie (blancs, granuleux, un peu sales, déformés…) est vendue directement aux particuliers à la ferme.

Il y a cinq ans, le couple espérait grâce à cette diversification mettre du beurre dans les épinards. Aujourd’hui, le prix du lait étant ce qu’il est, c’est en partie grâce à l’élevage que vit la famille Pochet. Vous y penserez la prochaine fois que vous achèterez des œufs Cocorette : c’est peut-être grâce aux poulettes de Laëtitia Pochet que votre fameuse crème brûlée aura tant de succès auprès de vos enfants.

Rillettes de poule et vol-au-vent

poule grand angle 2

Nées en Bretagne, les poules arrivent à l’élevage vers 17 semaines. Environ un an plus tard, à l’occasion du « vide sanitaire » (le nettoyage et la désinfection totale du poulailler) les 4 000 poules sont vendues.

Certaines à des particuliers, vivantes ou prêtes à cuire. Les autres partent pour l’abattoir de Licques. «  On voulait mieux valoriser nos poules de réforme pour faire augmenter la marge nette de l’atelier ponte  », explique Pascal Pochet.

Depuis cet été, le couple s’essaye donc aux rillettes de poule et aux terrines de garniture pour bouchées à la reine, fabriquées à l’atelier de transformation de Licques et vendues à la ferme. Une nouvelle diversification, à laquelle ses clients ont d’ores et déjà pris goût.

Le cahier des charges Cocorette

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Photo archives Philippe Pauchet

Cocorette impose des règles strictes à ses éleveurs. Ainsi les poules de Laëtitia Pochet doivent-elles s’ébattre dans une pâture non traitée de 2 hectares. En plus de leur alimentation à base de céréales et de coquilles d’huîtres concassées, elles y trouvent vers de terre, petits insectes et graines à picorer.

cahier de suivi

Ni antibiotiques, ni insecticides. Pour les débarasser de leurs poux, l’éleveuse utilise de la silice : le Fipronil est interdit en France. Une fois par an, le poulailler est entièrement vidé et désinfecté de fond en comble. Cette opération dure un mois.

Le saviez-vous ?

– Ne lavez jamais un œuf, cela le priverait de sa « cuticule », ce film naturel qui le protège des bactéries.

– Pas besoin de frigo, les œufs se conservent entre 5 et 18°C, à l’ombre, jusqu’à 28 jours.

– Les poules pondent en moyenne un œuf toutes les 30 heures.

– Gardez vos œufs pointe en bas. Le jaune restera ainsi bien au centre. Point en haut, le jaune se collerait à la coquille et l’œuf se conserverait moins longtemps.

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