Le passage au plein-air – ou pourquoi pas en claustration au sol – comme alternative à l’élevage en cage, impose un soutien technique et financier, selon Pierre Gos, directeur général de Nutréa.
Les éleveurs connaissent bien Nutréa, grand acteur de la nutrition animale, au côté des Sanders, Cooperl, Aliouest, Le Gouessant ou Triskalia. Cette dernière est d’ailleurs l’un des deux actionnaires de Nutréa, avec Terrena. Avec 363 millions de chiffre d’affaires, 385 salariés, et 10 implantations dans le Grand Ouest (dont 5 usines et un couvoir), c’est un fournisseur polyvalent de l’élevage qui, dans sa zone de chalandise, nourrit une vache sur cinq, un lapin sur deux, un poulet sur dix et près de 800 élevages porcins. Soit une clientèle d’environ 6 000 éleveurs.
Une filière d’importance
Si la volaille de chair représente 25 % des volumes produits, et apporte son lot d’inquiétude du fait des difficultés de la filière export, dont Doux (propriété de son coactionnaire Terrena), la filière des poules pondeuses est également d’importance, avec 20 % de l’activité du groupe présent sur le Grand Ouest. Avec une gestion à la journée des flux de volailles et plusieurs aliments selon les stades de croissance et les caractéristiques recherchées, la filière volailles exige une forte expertise des fournisseurs d’aliments. Parmi les 130 éleveurs de pondeuses approvisionnés par Nutréa, pour une production qui atteint 1,2 milliard d’œufs par an, « 80 % pratiquent l’élevage standard », précise Pierre Gos, directeur général. Tous ne sont pas concernés – du moins pas encore – par la mutation vers le plein-air, l’exigence des clients ne touchant que peu la production destinée aux ovoproduits à finalité industrielle.
40 000 poules pour 16 hectares
Pierre Gos estime que « la filière des poules pondeuses a besoin d’être bien soutenue dans sa transition vers des modes d’élevages alternatifs afin de mieux répondre aux attentes sociétales ». Pierre Gos rappelle que la précédente adaptation aux nouvelles normes bien-être (normes communautaires imposant un agrandissement des cages) « a exigé des éleveurs, sur la période 2010-2012, des investissements de l’ordre de 2 millions d’euros pour 100 000 poules ». Les banques ont suivi en s’appuyant sur les contractualisations de dix ans entre l’éleveur et Nutréa… « dont il faut maintenant gérer la fin en anticipation… ».
Et négocier de nouveaux contrats pour un mode de production « a minima 40 % plus coûteux que l’élevage en cage ». Et ceci, « sans compter le foncier ». Ce dernier point est tout sauf neutre : « à raison de 4 m2 par poule, un élevage de 40 000 poules nécessite 16 hectares. C’est arithmétique, même si ce qu’on sait du comportement des poules limite l’utilisation du parcours. » La régression des surfaces agricoles utiles ne va pas faciliter les choses, au point que certains envisagent une réimplantation sur des terres peu disputées. Nutréa entend bien prodiguer tous les conseils nécessaires aux éleveurs. Mais Pierre Gos glisse au passage qu’il existe une option intermédiaire entre le plein-air et la cage, c’est la « production au sol », des poules se déplaçant en liberté dans un bâtiment. Option « plus sécurisante sur le plan sanitaire et pour la conduite d’élevage ».