Franck Picard et Sébastien Robic sont producteurs d’œufs. Le premier en conventionnel, l’autre en conventionnel et plein air…
Tous deux soulignent l’impérative nécessité de s’adapter en permanence au marché. Producteur d’œufs (en conventionnel) à Bignan, Franck Picard est aussi président du groupe Armor œuf (rattaché à Sanders Bretagne) et membre du comité national de promotion de l’œuf (CNPO). Sébastien Robic est également producteur d’œufs, installé à Réguiny. Depuis 2012, il travaille en association avec son épouse Marie-Elise. Producteur en conventionnel depuis une vingtaine d’années, Sébastien Robic a du s’adapter aux évolutions du marché. « En vingt ans, nous avons mis en place trois productions différentes dont la dernière avec la création d’un bâtiment plein air. Pour rester dans le coup, il faut s’adapter en permanence, » explique-t-il.
Mise aux normes
Mais moderniser un élevage, se recentrer… tout cela implique des coûts. Le 1er janvier 2012, tous les producteurs de poules pondeuses ont eu pour obligation de se mettre aux normes européennes.
« Des travaux importants ont été nécessaires (1 milliard d’euros au total pour la profession) dans toutes les composantes de l’élevage ; cage, plein air et bio. Les marchés plein air et bio existaient déjà mais pas dans les mêmes proportions qu’aujourd’hui. Cette mise aux normes a généré un profond malaise dans la profession : un tiers des éleveurs sont restés sur le bord de la route, » confient Franck Picard et Sébastien Robic.
« Ne pas rester les bras croisés »
« Le marché évolue plus vite qu’on le souhaite. Nous n’avons pas intérêt à rester les bras croisés, » insiste Sébastien Robic, expliquant que les différentes formes d’élevage ont toutes leur intérêt. « Les cages ont été sérieusement élargies (750 cm2/poule), adaptées avec nid de ponte, zone d’alimentation etc. La mise en place de bâtiment plein air a ouvert d’autres perspectives… sachant néanmoins que les poules (cage ou plein air) bénéficient d’une alimentation identique ! Aujourd’hui le marché se caractérise par une production établie pour 2/3 avec des poules en cage (30 millions d’œufs) et pour 1/3 sur des modes alternatifs (15 millions d’œufs en plein air et bio).
500 millions d’€
Le plan préconisé par le CNPO tend vers un objectif de 50% de la production en conventionnel et 50% en alternatif, mais comme le précise Franck Picard . « Faire muter 10 millions de poules d’un système à un autre représente pas moins de 500 millions d’€ à répartir sur cinq années. Le milliard d’ores et déjà investi n’est pas encore remboursé qu’on nous demande déjà d’envisager une telle mutation. Ce que l’on souhaite, c’est que l’ensemble de la filière mette la main à la poche y compris les Grandes surfaces, au moins à hauteur de 20% de ce coût mais il n’est pas aisé de se faire entendre ! » En attendant poules bio, poules de plein air… tout ce petit monde est bien ramassé à l’abri par crainte du virus malmenant une importante partie de la production de volaille. « Ce n’est pas fini ! D’autres virus, toujours émanant de l’Asie sont annoncés dans un proche futur. Les modes de production alternatifs risquent d’être mis à mal, » appuie Franck Picard.
Article tiré de www.lagazettemorbihan.fr