Sanders Bretagne accélère vers l’œuf alternatif

Annick et Alain Corbel font partie des producteurs bretons d’œuf cage en contrat avec Sanders ayant fait le choix de totalement convertir leur site en alternatif.

Pour Annick et Alain Corbel, accompagné de leur fils Jean-Hervé, la page de l’œuf cage sera tournée en mai 2019 tout en ayant pu réaliser une extension d’élevage. – © P. Le Douarin

Début octobre, via sa filiale Matines, le groupe Avril annonçait son engagement de ne plus commercialiser en 2025 d’œufs en coquille issus d’élevages de poules en cage. Quelques jours plus tard, son principal fournisseur Sanders Bretagne, encadrant le groupement Armor œufs, organisait une porte ouverte à Pleyber Christ (Finistère) chez Annick et Alain Corbel. Il s’agissait de faire découvrir un nouveau site abritant 39 500 poules plein air sur 16 ha de parcours et logées dans un bâtiment de 2000 m2 (hors jardin d’hiver) équipé de volières. « Fin 2019, nous aurons atteint en Bretagne un cheptel de 2 millions de poules alternatives contre 0,5 million en 2016, résume Philippe Lepage, responsable commercial pondeuses de Sanders Bretagne. Dans le même temps, le cheptel logé en cage sera passé de 6 à 4,5 millions. »Toutes les poules bretonnes ne sortiront pas des cages, puisqu’il reste des débouchés en ovoproduits issus de code 3. Par ailleurs, la capacité d’élevage de poulettes en volière sera de 1,2 million de places.

Des unités d’assez grande dimension économique

Pour garder un niveau d’efficacité économique, les tailles d’élevage préconisées se situent dans une fourchette haute. Pour Philippe Lepage, le bâtiment Bio optimal contient 12 000 poules logées en système caillebotis avec pondoir central ou en volière à un niveau. Pour le plein air ou le sol, il faut viser 30 000 à 40 000 places en volière. Celle-ci est préconisée pour réduire les dimensions du bâtiment (9 poules par m2utiles sur plusieurs niveaux) et parce que « nous nous sommes rendus qu’il y a un écart de productivité supérieur d’une vingtaine d’œufs par poule entre la volière et le système caillebotis-pondoir central », souligne Philippe Lepage, environ 6 à 7 % de différence auxquels s’ajoute une consommation alimentaire de 5 à 7 g de moins par jour.

Tout transformer en un an

L’élevage des Corbel va très bientôt rentrer dans le cercle des élevages totalement alternatifs, après avoir été un adepte de la cage avec 150 000 poules logées dans trois bâtiments. « Nous voulions prendre sans attendre le train de la réponse aux attentes sociétales. Et sans traîner », résume Alain Corbel. Éleveurs indépendants travaillant avec trois partenaires pour écouler leurs œufs, ils ont fait le choix d’un partenariat exclusif avec Sanders. Il se concrétise par une « contractualisation adaptée aux investisseurs » précise Philippe Lepage, l’investissement restant à la charge de l’éleveur.

Les Corbel ont bénéficié de deux avantages. D’une part, ils disposaient de droits à produire acquis au moment de la mise aux normes de 2012, ce qui leur permet de construire un nouveau site plein air proche de l’ancien élevage. D’autre part, leurs cages pouvaient être transformées en volières et un parcours de 20 ha a pu être aménagé pour un bâtiment. Au bout du compte, à mi 2019 ils disposeront de 90 000 places en plein air (un bâtiment neuf et un rénové) et de 90 000 places au sol (deux bâtiments rénovés). « Nous ne perdrons pas de capacité et cette mutation sociétale nous permet de rebondir. »

Selon Sanders Bretagne, la dimension économique d’un atelier d’œuf sous code 1 ou 2 en volière doit être de l’ordre de 30 à 40 000 poules.

Selon Sanders Bretagne, la dimension économique d’un atelier d’œuf sous code 1 ou 2 en volière doit être de l’ordre de 30 à 40 000 poules. – © P. Le Douarin

Une volière de 39500 places en dynamique

Habitué à travailler avec de grands effectifs et à évacuer la fiente du bâtiment au fur et à mesure, Alain Corbel a d’emblée opté pour une volière. Et il a choisi le modèle Fienhage à deux niveaux pour rendre la surveillance des poules plus facile. Il faut néanmoins monter sur le système pour avoir une vision précise de l’étage supérieur. Chaque niveau comporte une rangée de deux nids en quinconce, des perchoirs, de l’accès à l’eau et à l’aliment. Quatre rangées de volières occupent le bâtiment de 16 m de large (et 122 m de long) flanqué de deux jardins latéraux de 4 m accessibles par des trappes motorisées (4 moto réducteurs programmables), tout comme celles vers le parcours de 16 ha. Le bâtiment du constructeur Le Couillard est ventilé en dynamique par Tuffigo-Rapidex. Sept cheminées équipées de ventilateurs progressifs (12 500 m3/h au maximum à 25 Pa) assurent l’extraction, complétées par huit turbines en pignon en cas d’excès de température. Le programme de ventilation évolue selon l’ouverture des trappes. En mode trappes fermées, la ventilation travaille à 25 Pa de dépression avec une ouverture des volets latéraux d’admission (1.2 m3/heure/poule). En mode ouvert, il n’y a plus de dépression. Autant d‘air pénètre par les trappes que par les volets avec des circuits d’air forcément perturbés. Le couple a choisi d’optimiser la collecte avec une emballeuse rapide (Mopack 100 à 36 000 œufs par heure) couplée à un robot palettiseur. L’investissement se monte à 36 euros par poule logée, hors les 16 ha de foncier.

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