POURQUOI LE BIO ATTIRE CONSOMMATEURS ET PRODUCTEURS


Les parcelles consacrées à l’agriculture biologique ont cru de 15% en un an. Tant mieux, les Français en demandent de plus en plus, tant pour leur consommation de fruits et légumes, d’œufs ou encore de viande.

Le bio progresse sur le territoire, et les Français en raffolent : 9 personnes sur 10 déclarent en avoir consommé au cours de l’année écoulée et trois quarts des questionnés disent en acheter au moins une fois par mois. Mieux : 26 % des personnes ayant participé au baromètre consommation Agence bio/CSA (échantillon représentatif de 1 002 Français majeurs) veulent que leur assiette soit davantage remplie de produits biologiques. Et les interrogés espèrent qu’il y ait plus de choix en bio dans les commerces, notamment les supermarchés, et aussi dans la restauration collective.

Selon Florent Guhl, le directeur de l’Agence bio que nous avons interrogé au salon international de l’agriculture, « le bio et le local vont de pair ». Pour lui, « c’est logique, quand on consomme bio, on fait attention à l’origine du produit et à la proximité entre le lieu de production et du domicile ». En d’autres termes, pour les consommateurs, cela n’a pas de sens de rechercher un produit bio issu d’un territoire situé à plus de 10 000 km, par exemple, de chez soi.

Pourquoi faut-il du bio dans l’assiette ?

Mais de quoi parle-t-on ? Ce que les Français consomment davantage en bio, ce sont les fruits et les légumes (59 % des répondants en mangent régulièrement), puis les produits laitiers (52 % des consommateurs achètent du lait, des yaourts et du fromage bio régulièrement) ainsi que les œufs (47%). « Le réflexe en supermarché, ajoute Florent Guhl, c’est de plus en plus de prendre des boîtes d’œufs bio de poules élevées en plein air », et ce, à l’heure où les grandes enseignes se sont engagées à arrêter la vente de poules élevées en cage. 32 % des interrogés dégustent aussi de la viande labellisée AB.

Les raisons sont multiples pour les consommateurs : il s’agit tant de préserver l’environnement, les sols (en évitant d’ajouter trop d’intrants chimiques ou d’OGM) que pour la santé, après les affaires que l’on a pu suivre ces dernières années (pour de nombreux questionnés, consommer du bio c’est l’assurance de rester en bonne santé). Faire le choix du bio, pour celles et ceux ayant répondu au sondage, c’est aussi en principe s’assurer que le bien-être animal est bien respecté.

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15 % des surfaces agricoles en bio d’ici 2022 ?

Encore faut-il que l’offre suive la demande, qui est en progression. 85 % des Français estiment indispensables de développer l’agriculture biologique en France. À l’heure actuelle, 6,5 % du territoire agricole est en bio (cela correspond à 1,77 million d’hectares en 2017, ce qui fait de la France le 3e pays en Europe en surface, après l’Espagne et l’Italie, et devant l’Allemagne).

Et chaque région progresse, à son rythme. Tant mieux, la France a promis de passer à 15 % des surfaces agricoles en bio d’ici 2022. « C’est faisable, explique Florent Guhl, mais il faut redoubler d’effort sur les aides aux producteurs. Pour l’instant, 160 millions d’euros par an sont distribués. » Les agriculteurs doivent être incités à se lancer dans le grand bain, et d’abord les agriculteurs en conventionnel. D’après Florent Guhl, il n’y a pas forcément que des agriculteurs jeunes qui passent en bio. Pour lui, de nombreux « paysans optent pour une reconversion peu avant la retraite dans l’idée que leurs enfants reprennent l’activité dans de bonnes conditions ».

Les producteurs qui font du bio peuvent être également des « néo-ruraux » qui changent de vie pour reprendre ou ouvrir une ferme. « Ils ne commencent pas avec 200 hectares en céréales, mais souvent ils débutent en maraîchage en périphérie de villes », précise celui qui a pris la direction de l’Agence bio en 2016. Au total, en 2017, 36 664 producteurs bio ont été répertoriés, soit une augmentation de 13,6 % par rapport à 2016. Cela signifie que 8,3 % des exploitations proposent désormais du bio en France. Pour le plus grand plaisir des papilles.

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