Poules pondeuses : comment les Côtes-d’Armor sont devenues leader

Un quart de la production française d’oeufs provient du département breton des Côtes-d’Armor, où couvent dix millions de poules pondeuses. | Joël Le Gall – Ouest France

Les Côtes-d’Armor sont champion tricolore de l’œuf français. Aujourd’hui, un élevage défaillant y est épinglé. Mais cela ne doit pas occulter la réussite du département breton dans une filière difficile. Où la mutation vers le plein air et le bio est bien lancée.

Un quart de la production française d’œufs provient du département breton des Côtes-d’Armor, où couvent dix millions de poules pondeuses. Retour sur la naissance et la croissance d’un fleuron français.

« La production des œufs a décollé dans les années 1970 dans les Côtes-d’Armor, raconte Patrick Jouault, fondateur de la société de négoce d’œufs Ovocom à Pédernec. L’impulsion a été donnée par des éleveurs précurseurs et des fabricants d’aliments. »

L’élan a été très vigoureux, trop sans doute. Une grave crise de surproduction a secoué la filière en 1981 incitant les fabricants d’aliments à passer des contrats avec les éleveurs pour adapter les volumes d’œufs à la demande du marché. Les négociants livrent les industriels comme Igreca, Geslin, Ovoteam spécialisés dans la production d’ovoproduits (ingrédients à base d’œufs) et les enseignes de la grande distribution via des centres d’emballages disséminés sur tout le territoire.

La production s’est fortement concentrée au fil du temps. « Un élevage contenait 20 000 poules en 1980, explique Patrick Jouault. Aujourd’hui, la moyenne oscille entre 60 000 et 100 000 poules pour un élevage conventionnel. »

Vers le plein air… et ses risques

La dernière vague d’agrandissement est liée aux normes bien-être imposées par Bruxelles en 2012. Pour loger les poules dans des cages plus grandes, les éleveurs ont lourdement investi. « Le coût était de deux millions d’euros pour un élevage de 100 000 poules. »

Mais la donne a changé. Les associations de défense du bien-être animal, comme L 214, mettent la pression pour interdire les élevages en cages, à grand renfort de vidéos pirates tournées nuitamment au milieu des volailles, épinglant des déficiences sans jamais mettre en avant la qualité générale de la production. Lorsqu’a éclaté le scandale du Fipronil cet été aux Pays-Bas et en Belgique, point de vidéo de L 214 pour préciser que le scandale avait globalement épargné la France.

Œufs « alternatifs »

La grande distribution et les industriels sensibles à ce discours sur le bien-être des poules souhaitent imposer les œufs alternatifs pondus au sol, en plein air et bio, à l’horizon 2020-2022.

Les oeufs bio ou de plein air font l'objet d'une montée en puissance en Côtes-d'Armor, département leader de la poule pondeuse.
Les oeufs bio ou de plein air font l’objet d’une montée en puissance en Côtes-d’Armor, département leader de la poule pondeuse. | MARC OLLIVIER

 

« Le virage vers les œufs alternatifs paraît inéluctable même s’il n’est pas forcément rationnel, note Patrick Jouault. Les éleveurs maîtrisent mieux l’hygiène et la santé des poules dans un bâtiment conventionnel que dans un poulailler avec un parcours plein air. »

La coopérative Le Gouessant de Lamballe regroupe 150 éleveurs. Elle a développé les œufs alternatifs dès 1996, bien avant la montée des préoccupations sur le mode d’élevage des poules. « 40 % de nos 900 millions d’œufs commercialisés en 2016 provenaient d’élevages plein air, label rouge et bio, indique Rémy Cristoforetti, directeur général du Gouessant. Nous avons une croissance à deux chiffres dans notre segment des œufs alternatifs avec une dizaine de conversions en bio l’an passé. »

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