Poulehouse étend son action aux oeufs éthiques plein air

La start-up française vient de lever 3,5 millions d’euros. L’entreprise, qui sauve les poules de l’abattage à 18 mois, lance une gamme d’oeufs plein air pour les vendre dans la grande distribution et sensibiliser les consommateurs au bien-être animal.

Permettre à des poules d’être nourries et logées jusqu’à leur belle mort, tout en continuant de pondre à leur rythme, c’est le concept de Poulehouse. La start-up lancée en 1997 milite pour une production responsable, avec un slogan choc : « L’oeuf qui ne tue pas la poule ». Car si entre 4 et 18 mois, ce gallinacé pond un oeuf par jour, ensuite, il accuse une baisse de productivité qui le conduit… à l’abattoir. Alors qu’une poule peut vivre entre 6 et 10 ans !

Une rémunération supérieure

« Nous avons mis au point un mécanisme économique qui permet aux éleveurs de garder leurs poules longtemps, en étant mieux rémunérés », souligne Fabien Sauleman, président de Poulehouse. Son idée, une sorte de retraite par capitalisation. Sur chaque oeuf vendu, quand elles sont jeunes, une somme est mise de côté, pour être ensuite reversée à partir de 3 ans à l’éleveur. Car cette production éthique a un prix : un euro pour un oeuf bio responsable, soit le double du marché . « Avec ce système de redistribution, l’éleveur reste rentable et sa rémunération est de 12 à 15 % supérieure à celle d’un élevage classique », relève le président.

Mais cela reste cher. Aussi pour toucher un plus large public, la start-up vient de lever 3,5 millions d’euros, auprès du fonds Quadia, de Normandie Participation, d’acteurs bancaires (Caisse d’Epargne Innovation, nef…) et de crowdfunding (MiiMOSA) . Des entrepreneurs, comme Marc Simoncini et Jacques-Antoine Granjon , déjà dans l’aventure, ont suivi.

Cap sur la grande distribution

Avec ces moyens, Poulehouse a signé de nouveaux partenariats, avec cette fois  des éleveurs de poules en plein air. Résultat, le prix de ces « oeufs éthiques », sera ramené à 3,99 euros la boîte de six. Plus en phase avec la clientèle de la grande distribution, où ils seront en rayon en fin d’année. En plus de Biocop et Naturalia, Poulehouse sera ainsi présent chez Franprix, Monoprix, Carrefour, Auchan, ou Grandfrais, soit 3.000 points de vente d’ici à la fin décembre.

Pour se développer, elle vient de conclure un accord avec le groupe  One-Cocorette, l’inventeur du mode de production plein air, pour recruter de nouveaux éleveurs. Bientôt, 100.000 poules seront logées à vie, grâce à une dizaine de partenariats. Avec cet argent, la société a aussi financé une grande campagne de communication, avec un film (façon Pixxar) diffusé sur TF1, qui fait le buzz sur les réseaux sociaux.

Du coup, après 3 millions d’euros de chiffre d’affaires attendu en 2019, l’objectif est de passer à 15 ou 20 millions l’an prochain. Avec une activité rentable grâce aux volumes. « Notre projet s’inscrit dans deux tendances fortes, celle du bien-être animal, et du consommateur acteur. Ce qui nous porte », résume Fabien Sauleman. Comme les oeufs sont moins bien calibrés (plus gros) quand la poule vieillit, la start-up cherche aussi de nouveaux débouchés, vers l’industrie alimentaire (biscuits…) et la restauration. En 2020, elle espère en vendre 10 millions.

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