Il y a deux ans, nous nous étions rendus dans l’exploitation de Jean-Louis Limousin, à Vendrennes en Vendée, éleveur du groupement Volinéo. Les deux bâtiments accueillaient 14 000 et 15 000 pondeuses plein air. Depuis, Jean-Louis Limousin a aménagé ses 12 hectares de parcours et a converti sa production en bio.
Comment avez-vous aménagé le parcours ?
Nous avons planté environ 1000 arbres et arbustes sur le parcours, ainsi que des haies. Le projet a été réalisé en partenariat avec l’agence de l’eau. Les 12 hectares ont été divisés en quatre parcs différents : un avec du bois d’œuvre ; un autre dédié à la conservation d’anciennes variétés d’arbres fruitiers (pommiers, poiriers et pruniers, dont certaines variétés n’existent plus en France) ; un troisième avec des fruits à coques (châtaignier, noyers, noisetiers) ; et le dernier a été planté avec un mélange des variétés présentes sur les trois premiers parcours.
Quel est pour vous l’objectif de cet aménagement ?
Le but est de donner une autre image du milieu agricole. Nous voulions montrer que nous aussi, agriculteurs, nous sommes interpellés par la question du changement climatique. Replanter sur les parcours répond d’une part à la demande du consommateur, mais aussi au bien-être des volailles. Cela génèrera peut-être une petite rentabilité plus tard, mais ce n’est pas le but premier.
Comment s’est déroulé le partenariat avec l’Agence de l’eau ?
L’Agence de l’eau a subventionné le projet. Ils encouragent les plantations dans les parcours à volailles pour drainer l’eau de pluie. Ces aménagements vont permettre de filtrer et retenir cette eau. C’est important, surtout quand on sait que l’eau va devenir de plus en plus chère.
Comment s’est fait le choix des arbres ?
C’est le maitre d’œuvre qui a fait le choix des arbres. Ce sont essentiellement des essences de la région, pour rester dans un cadre local.
L’aménagement du parcours a-t-il changé le comportement des volailles ?
Pour le moment, c’est difficile à dire, car les arbres sont encore tout petits. Cependant, depuis plusieurs lots, on constate que les lots qui se passent bien occupent toute la surface du parcours. On a d’ailleurs des exploratrices qui vont jusqu’au bout du parcours, même si ce n’est évidemment pas le cas de la majorité.
Avez-vous apporté d’autres modifications à votre exploitation ?
Je suis aussi passé en production biologique depuis le 15 avril 2018. C’est mon premier lot en bio. Les bâtiments comptent désormais 10 500 et 9500 poules.
Cela a-t-il changé votre manière de travailler ?
Oui, car la densité n’est plus la même. Et par conséquent, le comportement des volailles est plus simple à gérer. Les animaux sont plus espacés, moins agressifs, moins nerveux. Actuellement, j’ai des poules qui ont 63 semaines et on pourrait croire qu’elles ont 40 semaines, tellement leur emplumement est magnifique.
Qu’est-ce qui vous a motivé à passer en production biologique ?
C’est d’une part un choix personnel, mais aussi un choix de notre centre de conditionnement qui a de gros besoins en œufs bio. On a la chance d’avoir un centre de conditionnement essentiellement sur de l’alternatif et qui se développe beaucoup sur ce marché. Alors quand on m’a proposé la conversion, je n’ai aucunement hésité.
Avez-vous du faire des aménagements à l’intérieur du bâtiment ?
Oui, le bâtiment a été séparé en quatre et les parcours également. Car en bio, on est limité à 3000 poules par parc.