Paysans et riverains bloquent l’usine des 185 000 poules

Une centaine de manifestants s’est rassemblée hier matin devant l’élevage de poules pondeuses de Lescout. Ils protestent contre le lancement de la construction d’un nouveau bâtiment d’élevage alors que plusieurs procédures judiciaires sont en cours.

La situation ne cesse de se cristalliser autour de la ferme d’élevage de 185 000 poules pondeuses située en bordure du village de Lescout près de Soual. Plusieurs groupes d’opposants à cette installation classée, dirigée par Cyril Gallès, se sont manifestés ces derniers mois pour des raisons différentes.

A l’initiative du syndicat agricole la Confédération Paysanne, une manifestation a eu lieu ce mardi matin, dès 8 heures, devant l’élevage situé sur la route de Revel. Ces paysans dénoncent le caractère industriel de cet élevage et surtout «s’étonnent de voir que le patron de l’usine lance les travaux de construction d’un nouveau bâtiment d’élevage alors que celui-ci fait l’objet de nombreux recours» a précisé Jean-Luc Hervé, porte-parole de la Confédération Paysanne.

Ce chantier est donc vécu comme une provocation de la part de l’industriel qui n’a pas souhaité s’exprimer sur le mouvement de contestation dont il est l’objet. Les représentants syndicaux font valoir leurs arguments, dont le fait que ce bâtiment est construit selon eux en zone inondable et accolé à la propriété d’un autre éleveur de poules «en plein air».

Riverains et parents d’élèves inquiets

Parmi la centaine de personnes qui ont filtré la circulation, distribuant des tracts et informant les passants, se trouvaient aussi de nombreux habitants du village et des représentants des parents d’élèves de l’école publique qui s’inquiètent fortement des odeurs et émanations des bâtiments de ponte. De façon récurrente, ils se plaignent d’odeurs d’ammoniaque. Une enquête est d’ailleurs actuellement diligentée par l’ARS, agence régionale de santé, à la lumière de constatations effectuées par la mairie de Lescout qui a recensé un nombre élevé de cas de cancers dans un rayon proche de l’usine. Ces investigations sont en cours et devraient aboutir d’ici quelques jours.

Le représentant des parents d’élèves, Thomas Drieux, précise : «Nous attendons aussi que soit mis en place un dispositif de surveillance des émanations. Nous réclamons que les données soient disponibles par la mairie, la préfecture et l’exploitant bien sûr. Mais nous réclamons aussi que plusieurs points de mesures soient mis en place et pour une durée de 6 mois au moins.»

Pour l’heure donc, il n’y a pas eu d’accord avec les services de l’Etat ni sur le protocole ni sur le prestataire.

Plusieurs procédures judiciaires

A noter enfin que plusieurs procédures judiciaires sont en cours tant sur le permis de construire nouveau concernant le bâtiment en cours de construction que sur l’application des obligations que devrait respecter Cyril Galles afin de mieux protéger son exploitation de la vue des voisins. L’association «Protection du Sor et de l’Agout» fédère l’ensemble des acteurs de ce dossier complexe. Pour Catherine Gavelle : «Concernant la procédure sur les nuisances, nous venons d’apprendre qu’un nouvel expert avait été désigné par le tribunal. Au fond, ce que nous demandons est simple : y a t-il effectivement des arbres plantés comme l’exige le permis, existe t-il du bruit et des odeurs provenant de l’élevage. Tout ceci est tellement simple mais finalement très compliqué !» Du coup, l’ensemble des acteurs souhaiterait que soit lancée une nouvelle enquête d’utilité publique globale puisque la dernière concernant l’autorisation d’exploiter remonte à 2009. Le dossier est donc bien loin de se refermer.

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