Du 15 au 31 janvier, 205 181 agriculteurs (actifs ou retraités) et salariés sont invités à voter pour les élections dans les chambres d’agriculture. Sonnée par les crises, la ferme Pays de la Loire veut rebondir.
L’enjeu : la politique agricole régionale
Du 15 au 31 janvier, comme tous les six ans, 205 181 chefs d’exploitation (actifs et retraités), salariés agricoles et propriétaires fonciers sont appelés à voter pour élire leurs représentants aux chambres départementales d’agriculture. La chambre régionale d’agriculture sera élue dans un second temps. Elle sera l’interlocutrice privilégiée des pouvoirs publics et de la Région dans la mise en œuvre de la politique régionale de l’agriculture et de l’alimentation.
Malgré cet enjeu fort, les différents syndicats agricoles en lice, qu’ils soient majoritaires (FDSEA-Jeunes agriculteurs, actuellement aux manettes) ou dans l’opposition (Confédération paysanne, Coordination rurale), redoutent que les agriculteurs, découragés par les crises, boudent le scrutin.
Crise de l’élevage et progression des céréales
Équilibrée entre élevage et cultures, leader national des signes de qualité (labels, appellations, bio), l’agriculture des Pays de la Loire a longtemps su amortir les crises. La décennie écoulée a vu s’effriter cette robustesse. Le démantèlement des outils européens de régulation des marchés, la volatilité des cours mondiaux, l’érosion de la consommation intérieure ont constitué le terreau de crises à répétition en lait, viande bovine, poulet export, lapin, porc…
Concurrencée par la viande low cost de Pologne, la première région productrice française de viande bovine engraisse de moins en moins ses animaux maigres. D’où une perte de valeur pour la filière et une baisse d’activité des abattoirs. Le revenu des producteurs laitiers, jadis à l’abri des quotas laitiers, est désormais tributaire de la soif de lait des Chinois ou de la sécheresse en Océanie.
Face à ce manque de visibilité, de plus en plus d’agriculteurs réduisent leur troupeau et sécurisent leur exploitation avec les céréales, lesquelles ont gagné près de 200 000 hectares depuis 2000.
De moins en moins d’exploitations et d’agriculteurs
Leur nombre a baissé sous l’effet conjugué d’une pyramide des âges défavorable (départs en retraite nombreux) et de la situation économique tendue.
Dans son panorama de l’agriculture des Pays de la Loire, le pôle économie de la chambre régionale souligne la persistance, tout au long de la décennie écoulée, d’un fort pourcentage – entre 20 et 25 % – de cessations d’activité précoces (avant 55 ans). Depuis 2000, les fermes laitières ont subi une restructuration drastique, note le rapport : « Le nombre d’élevages a été divisé par deux, tandis que la livraison moyenne par point de collecte est passée de 211 000 litres à 473 000 litres de lait. »
La raréfaction de la main-d’œuvre familiale disponible dans des exploitations de plus en plus grandes est compensée par un recours croissant au salariat agricole, force montante encore insuffisamment reconnue de la ferme Pays de la Loire.
Quatre atouts pour redresser la barre de l’agriculture régionale
1. Une longueur d’avance pour la qualité
Première région en produits sous signe officiel de qualité, les Pays de la Loire sont bien placés pour répondre à l’objectif de montée en gamme fixé par les États généraux de l’alimentation. 2 500 exploitations sont engagées dans des productions Label rouge. Sous l’impulsion de la coopérative sarthoise des Fermiers de Loué, la région fournit 41 % des abattages nationaux de volailles label. Elle a pris rapidement le virage de l’élevage des poules pondeuses en plein air, au détriment de l’élevage en cages, décrié par les associations de défense des animaux. Les appellations d’origine contrôlée s’épanouissent sur 31 000 ha de vignes, avec un succès commercial croissant pour le rosé cabernet-d’anjou et les fines bulles du crémant-de-loire. La bio connaît un développement accéléré. Près de 10 % des fermes ligériennes la mettent en pratique sur près de 10 % des surfaces, répondant aux attentes d’une société de plus en plus hostile aux pesticides chimiques.
2. Des champions agroalimentaires qui se bougent
Le groupe sarthois LDC a contribué à remettre la filière volaille française en ordre de marche après le naufrage du groupe Doux. Il investit à haute dose dans ses abattoirs pour reconquérir le marché français de la volaille, détenu à 50 % par les importations.
Le groupe Terrena installe dans le paysage agroalimentaire sa nouvelle marque La Nouvelle agriculture, qui garantit au consommateur des conditions de production plus vertueuses (alimentation des animaux aux graines de lin, élevage sans antibiotiques, plus d’espace pour les animaux…).
Enfin le groupe Bel, troisième fromager mondial, a conclu un accord modèle avec ses 1 200 producteurs ligériens : les vaches pâturent, sont alimentées sans soja OGM, en contrepartie d’un prix rémunérateur.
3. Des installations dynamiques
Bon an, mal an, entre cinq cents et six cents jeunes de moins de 40 ans deviennent agriculteurs avec l’appui des aides de l’État, en suivant le cursus officiel. Le nombre des nouveaux agriculteurs franchit le cap du millier si l’on ajoute la cohorte de ceux qui s’installent sans aides, faute du diplôme requis. Numériquement, un agriculteur sur deux partant à la retraite est remplacé. Ce n’est pas le Pérou, mais ce n’est pas non plus la désertification vécue par certaines régions.
4. De nouveaux débouchés
Coopératives, industriels et agriculteurs sont à l’affût de nouveaux marchés. En Anjou, la Coopérative agricole du Pays de Loire (CAPL) est devenue championne d’Europe du quinoa. La Cavac se développe à vitesse accélérée dans les légumes secs. Les agriculteurs s’organisent pour approvisionner la restauration collective (cantines scolaires, maisons de retraite…).