Oeufs contaminés : “Le modèle industriel a ses limites”, selon un producteur bio loirétain

Au moins cinq entreprises françaises ont reçu des œufs contaminés au Fipronil, un insecticide, selon le ministère de l’Agriculture. Ces œufs ont été importés des Pays-Bas. Les faibles concentrations mesurées rendent toutefois le risque d’empoisonnement très faible voir nul.

C’est un nouveau scandale dont l’industrie agro-alimentaire se serait bien passé. Des millions d’œufs contaminés au Fipronil ont été exportés depuis les Pays-Bas. Cinq entreprises situées dans la Vienne, le Maine-et-Loire, le Pas-de-Calais, le Nord et le Morbihan ont indiqué avoir reçu ces œufs. Des enquêtes de traçabilité sont désormais en cours pour identifier la destination des produits et déterminer si des œufs contaminés ont pu se retrouver dans des aliments. Ce genre ce scandale ne surprend pas Philippe Le Grelle, producteur d’œufs bio dans le Loiret, à Ouzouer-sur-Loire.

France Bleu Orléans : Que vous inspire ce scandale des œufs contaminés ?

Philippe Le Grelle : On s’aperçoit que le modèle industriel, en agriculture, a ses limites. A toujours vouloir produire plus, on en arrive à faire des erreurs avec des produits dangereux, à jouer aux apprentis sorciers. Et on arrive forcément à un accident.

France Bleu Orléans : Cette affaire va-t-elle avoir des conséquences pour les consommateurs ?

Philippe Le Grelle : De plus en plus de consommateurs privilégient les circuits courts pour acheter des produits de qualité. Je pense que l’on est au début de la fin de la consommation de produits industriels et que l’on va se diriger vers un retour de petites unités qui vont produire comme au temps de nos grands-parents ou arrières-grands-parents.

France Bleu Orléans : Mais pourra-t-on produire assez d’œufs pour répondre à la demande ?

Philippe Le Grelle : En l’état actuel, non. Mais si le consommateur de demain demande plus de local, forcément on va se poser la question de comment fournir, et inciter des jeunes à s’installer. C’est ce qui est en train de se passer un petit peu. Les installations de petite taille reprennent.

France Bleu Orléans : L’affaire va-t-elle avoir un impact immédiat sur la consommation d’œufs ?

Philippe Le Grelle : Oui. Toutes les affaires de ce type, médiatisées, ont un impact direct. Là, pendant un mois, mes ventes vont augmenter. Déjà, les clients me demandent comment la contamination a été possible, comment y échapper, etc. Si on se met à consommer bio, on a beaucoup moins de risques car ces produits sont interdits. Si vous consommez local, le risque est moindre, aussi, car ces affaires concernent globalement des grosses structures.

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