Avec le scandale sanitaire des œufs frelatés au Fipronil, qui a éclaté en août, les consommateurs français se sont sentis perdus. Ils retrouvent peu à peu confiance en se tournant vers la production tricolore. Un nouveau label, “œuf de France”, vient d’être créé, alors que les cours flambent.
Ce vendredi 13 va-t-il lui porter bonheur? C’est aujourd’hui la journée mondiale de l’oeuf, une opération de communication initiée par la filière œuf, dont le CNPO (Comité national pour la promotion de l’oeuf) est partenaire.
C’est l’occasion de faire le point sur ce produit phare de l’alimentation, malmené en août avec le scandale sanitaire européen des oeufs frelatés au Fipronil.
Un produit mangé par quasiment tous les Français
L’oeuf est un incontournable de nos assiettes : 96% des Français déclarent en consommer, selon une étude pour le CNPO menée par le CSA (1). Et malgré la chute brutale de la consommation dans la semaine suivant le scandale de la contamination au Fipronil (-5,9% d’œufs vendus en magasins sur la semaine du 7 au 13 août selon Nielsen), les clients ont très vite remis des boîtes d’oeufs dans leurs caddies. Mais pas n’importe lesquelles…
L’oeuf français, nouveau label
C’est l’oeuf français qui s’en sort le mieux après cette affaire qui l’a épargné : +25 % en à peine deux mois pour les œufs coquilles et +49 % pour les œufs utilisés par l’industrie agro-alimentaire, selon la France Agricole. Comment reconnaître l’oeuf “made in France”? Grâce à la création d’un nouveau label officiel. Pour plus de 8 Français sur 10, l’origine française des œufs est une garantie de qualité : ils pourront ainsi se référer au label “Oeufs de France” qui va désormais remplacer “Pondus en France”.
Français, mais pas forcément en plein air
Pour autant, il faut savoir qu’aujourd’hui, en France, 68% des poules sont encore élevées en cages aménagées (2), contre 32% en plein air. L’interprofession vise à atteindre 50% de poules élevées en élevage alternatif (bio, plein air dont Label Rouge, sol) d’ici 2022 via près de 500 millions d’euros d’investissements sur 5 ans. 87% des Français soutiennent cette initiative. Ils sont d’ailleurs 87% à être prêts à ajouter 10 centimes de plus par boîte de 6 pour accompagner cette transition. Le bon réflexe au supermarché pour éviter d’acheter des oeufs de poule élevées en batterie ? Veiller aux inscriptions sur la coquille des oeufs, la mention “FR” et le chiffre qui le suit.
(1) Enquête CNPO-CSA 2017 menée auprès de 1002 Français âgés de 18 ans et plus en mars 2017.
(2) Service Economie ITAVI, novembre 2016
A déchiffrer sur la coquille
FR + 0 = œufs de poules élevées en plein air + agriculture biologique
FR + 1 = œufs de poules élevées en plein air (Label rouge compris)
FR + 2 = œufs de poules élevées au sol (pas d’extérieur)
FR + 3 = œufs de poules élevées en cage (pas d’extérieur)
N.B. : L’élevage alternatif (bio, plein air dont Label Rouge, sol) se distingue de l’élevage en cage, appelé aussi élevage en batterie.
Des marques engagées pour soutenir l’élevage alternatif
De nouvelles entreprises, tous secteurs confondus, se sont engagées à exclure les œufs de poules en cage de leur chaîne d’approvisionnement, selon l’association L214, qui dresse une liste non exhaustive de ces enseignes : le groupe Andros (Mamie Nova et Bonne Maman), Mondelez (Lu, Cadbury, Milka), Harry’s, Pasquier, Michel et Augustin, Pierre Martinet, Davigel, Brake, Transgourmet, Léon de Bruxelles ou Crescendo Restauration se sont engagées à abandonner les œufs de poules élevées en cage, à l’instar de Domino’s Pizza, Courtepaille, Grand Frais, Flunch, Metro, Pomona, Brioche Dorée, Best Western, Pomona, Marie Morin, Pâtisseries Gourmandes (Ker Cadélac) ou encore Goûters Magiques (Whaou !, Le Ster).
C’est également le cas de la quasi-totalité des marques de mayonnaise (Amora, Bénédicta…) et des marques commercialisant des pâtes aux œufs (Groupe Panzani, Barilla, Alpina Savoie, Giovanni Rana…). Si l’on veut soutenir l’éradication de la pratique de l’élevage en batterie, ce sont ces marques qu’il faut privilégier.
En outre, la quasi-totalité de la grande distribution (y compris le marché des surgelés : Picard, Thiriet et Toupargel), les grands groupes hôteliers et plus de 80% du marché de la restauration collective sont engagés dans une démarche d’approvisionnement hors-cage à travers les engagements de Sodexo, Elior, Carrefour, Leclerc, Auchan, Casino, Accor, Best Western, Louvre Hotels…
Un aliment bourré de protéines
L’oeuf est un concentré de protéines animales (environ 7 g pour un oeuf de 60 g), ce qui fait que c’est un aliment très rassasiant, selon Top Santé.
Le jaune est riche en choline, un type de vitamine B qui protège le cerveau, et il renferme en effet de la lutéine et de la zéaxanthine, deux caroténoïdes qui protègent contre certaines maladies de la rétine.
Le blanc, composé d’une sorte de mélange d’acides aminés, tend à réduire l’hypertension artérielle, le taux de cholestérol et le risque d’accident cardio-vasculaire.
Après le scandale du Fipronil, le prix des œufs flambe
Au premier semestre 2017, la production totale d’oeufs de consommation en France “est ressortie en hausse de près de 5 % par rapport à 2016”, indique le service statistique du ministère de l’Agriculture, Agreste.
Au cours du 1er semestre 2017, les exportations en volume d’oeufs de consommation ont progressé de près de 2 % par rapport à la même période de 2016, tirées par les ventes d’ovoproduits, des oeufs cassés conditionnés sous forme liquide, congelée ou en poudre destinés à l’industrie agroalimentaire ou la restauration.
Faut-il craindre une pénurie ?
Les prix à la production des oeufs sont toujours bien orientés en 2017, en hausse par rapport à 2016 et à la moyenne 2011-2015. “La bonne tenue du prix serait liée à des problèmes sanitaires en Europe et en France, ayant conduit à des abattages supplémentaires de pondeuses”, selon Agreste.
La crise du Fipronil qui a touché l’été dernier la production en Belgique et au Pays-Bas va accélérer le phénomène lors du second semestre 2017.
“Depuis fin juillet, le cours des oeufs a plus que doublé et la profession estime qu’il manque environ 4% à 5% de la production européenne, tous types d’élevages confondus: bio, plein air, sol et standard”, assure ainsi le Syndicat national des industriels et professionnels de l’oeuf (SNIPO).
La réduction “très significative” de la production en Belgique et aux Pays Bas, cause une “flambée des cours de l’oeuf générale dans toute l’Europe”, selon le Snipo, qui s’inquiète même de risque de pénurie.