À l’occasion d’Innov’action étudiants, les classes de Bac pro Agroéquipement et CGEA du lycée Pommerit se sont rendues chez Christelle et Arnaud Beauverger à Pleudaniel.
En 2011, Arnaud Beauverger reprend l’exploitation légumière familiale con-vertie en bio trois ans plus tôt et son épouse Christelle s’installe à la même période avec le projet de lancer un atelier de pondeuses. « Il a fallu deux ans pour que le poulailler voie le jour. Nous sommes sur un territoire soumis à la loi Littoral… Pour obtenir le permis, je suis passée devant la « commission des sites » pour présenter, un à un, tous les matériaux qui seraient utilisés pour la construction du bâtiment. Situé à 100 m d’habitation, il était nécessaire de tout expliquer en détail », raconte l’agricultrice. Une manière de dire aux étudiants de Bac pro du lycée Pommerit que se lancer n’est pas toujours simple et qu’il faut de la persévérance et de la motivation pour aller au bout de ses idées et de ses envies.
L’atelier ponte lisse la trésorerie
Pour le couple, les productions d’œufs et de légumes sont bien complémentaires. « La volaille était la production animale la plus simple à mettre en place. Sur une structure de 21 ha, très limitée en surface, installer un poulailler était intéressant », précise l’agricultrice. En termes d’organisation du travail, les cultures de légumes et l’élevage de poules coïncident bien. « Et l’atelier ponte apporte du revenu, lisse les rentrées d’argent tout au long de l’année. Sans oublier l’intérêt agronomique de pouvoir épandre notre propre fertilisant organique dans notre rotation. » Même si, en lien avec la zone conchylicole située à 500 m, une partie des fientes doit être exportée et du fumier normé racheté en contrepartie. Une situation jugée « insensée » par les agriculteurs.
Un étudiant interroge sur les difficultés de mener des pondeuses en bio. Christelle Beauverger rassure. « Le plus compliqué serait la pression due à une concentration importante de poulaillers autour de nous. Mais, heureusement, nous sommes isolés ici. Retenez qu’en cas de soucis sanitaires, le taux de ponte dans un élevage peut chuter de 90 % à 30 % et ne jamais remonter. C’est extrêmement pénalisant. »
Éviter le salariat permanent
La double activité représente 2,2 UTH à l’année. Une personne suffit à gérer le poulailler au quotidien. Des laveurs sont simplement employés temporairement à l’heure du vide sanitaire de trois semaines (tous les ans vers la mi-juin pour récupérer la fiente avant l’implantation de certaines cultures). La mécanisation, notamment par l’investissement dans une emballeuse ou l’automatisation de l’ouverture des trappes, limite le temps de travail et l’astreinte en période de chantier au champ. « Quand tout va bien, l’atelier ponte ne réclame qu’une heure par jour ». Avec en prime une certaine souplesse dans les horaires. « Au moment de certaines pointes de travail, nous prenons de la main-d’œuvre occasionnelle pour les échalotes ou les cocos de Paimpol par exemple. Mais notre objectif est de ne pas embaucher de salarié permanent », confie Arnaud Beauverger.
Deux structures :
- SCEA de Kerdreuz : 21 ha de SAU, 12 légumes produits : potimarron, échalote, oignon, butternut, topinambour, chou romanesco, chou-fleur, brocoli, betterave rouge, laitue batavia, coco de Paimpol, artichaut.
- SARL de Kerdrœuf : 6 000 poules pondeuses (en deux lots) avec 2,5 ha de parcours aménagés, « attractifs », plantés d’arbres, 1,7 million d’œufs produits / an.