« Nous ne constatons pas de baisse des commandes depuis la crise »

Producteur d’oeufs bio depuis plus de 30 ans, Philippe-André Richard possède un élevage de 9.000 poules pondeuses en Bretagne. Il n’est pas inquiet. Pour lui, l’épisode du fipronil est une crise parmi d’autres.

La crise déclenchée par la contamination des oeufs au fipronil vous fait-elle craindre pour la bonne réputation des produits bio ? 

Je pense qu’il faut faire preuve de sagesse. Les contrôles sont toujours nécessaires. Ils ont mis en évidence la fraude. Pour ma part, je considère que c’est une très bonne chose. Je suis éleveur de poules pondeuses bio depuis 31 ans en Bretagne à Noyal-Pontivy, j’estime que la chasse à ceux qui ne respectent pas les règles rend service aux producteurs honnêtes qui travaillent dans le strict respect de la réglementation.

Comment pouvez-vous être certains de la parfaite qualité de vos oeufs bio ?

Nous sommes partenaires d’un laboratoire vétérinaire indépendant qui nous accompagne dans le référencement de tous les différents produits nécessaires à nos élevages . On ne cède donc pas à la facilité. Nos poules pondeuses sont nécessairement élevées sans antibiotique. Elles sont soignées à partir d’huiles essentielles et de plantes naturelles. Cette méthode d’élevage est pratiquée dans nos deux poulaillers bio composés de 6.000 et 3.000 poules car nous ne souhaitons pas de productions de type industriel. Une même stratégie est appliquée par les treize autres producteurs d’oeufs bio qui vendent sous nos marques Breizh’on Egg et Biolann. Ils doivent respecter notre cahier des charges.

Comment réagissent vos clients face à cette nouvelle crise d’ordre sanitaire ? 

Pour le moment, je ne constate absolument pas de baisse des commandes. Bien au contraire puisque nous cherchons à renforcer nos productions afin de répondre à la demande de notre clientèle composée de la grande distribution dans l’Ouest de la France, en région parisienne et dans les Hauts de France. Nous sommes également très présents dans les magasins bio sous nos deux marques Breizh’on Egg et Biolann. Je pense que les consommateurs reconnaissent la qualité de nos produits et accordent du crédit à notre démarche. Nous n’allons certainement pas changer de stratégie à la suite de cette crise sanitaire. J’en ai connu d’autres depuis 30 ans. Il y a eu celle des oeufs bio qui en fait ne l’étaient pas à la fin des années 90 et celle des aliments à la mélamine en 2008. A l’époque, des producteurs d’oeufs bio avaient utilisé du soja bio importé de Chine, qui était comtaminé à la mélamine. Le problème du fipronil n’est qu’un épisode parmi d’autres.

PROPOS RECUELLIS PAR STANISLAS DU GUERNY

Correspondant à Rennes

En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/010185476405-nous-ne-constatons-de-baisse-des-commandes-depuis-la-crise-2108544.php#XdUj0MmMT7XIcddL.99

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