André Sergent, président de la chambre d’agriculture du Finistère, est intervenu, ce jeudi, au colloque sur le bien-être animal à Agrocampus Ouest à Rennes.
Que font les chambres d’agriculture bretonnes sur le bien-être animal ?
Ce sujet nous intéresse de près et pas uniquement pour des raisons philanthropiques. Nous faisons tout pour bien élever nos animaux car ils ne peuvent produire qu’en étant en bonne santé. Sur ce sujet, je sens une coupure avec la société car nous avons peut-être un défaut de communication. Nous travaillons en lien avec les instituts techniques d’élevage sur de nouvelles méthodes pour conduire les animaux à travers des capteurs fixés à l’encolure ou sur l’oreille. Elles leur donnent davantage de liberté tout en permettant à l’éleveur de garder un œil à travers les informations fournies par sa tablette. Nous voulons nouer un partenariat d’avenir avec la société. Le bien-être animal fait partie de la montée en gamme de nos produits et c’est aussi un moyen de se différencier de la concurrence.
Que faites-vous dans votre élevage ?
Je suis engagé depuis 10 ans dans une démarche bien-être sur mes truies pour pouvoir livrer aux magasins Tesco en Angleterre. Elles restent bloquées en maternité mais je les mets en liberté après l’insémination. Je réfléchis à pouvoir mettre les truies en liberté dans la maternité mais une salle de 24 places n’en aura plus que 18 après le réaménagement. Le coût de production sera plus cher, il faudra donc une plus-value en face. Il faut rester prudent et ne pas engager les jeunes éleveurs dans un système qui ne correspondrait pas aux attentes des consommateurs. Nous réfléchissons aussi sur la non-castration des porcelets. La Cooperl a trouvé sa solution pour commercialiser des mâles entiers tant mieux pour elle mais d’autres industriels les refusent.
Que pensez-vous du virage brutal que les producteurs d’œufs doivent prendre vers des élevages en plein air ?
C’est très brutal. En respectant les normes européennes sur la production d’œufs en cages, ils pensaient être dans les clous et les distributeurs viennent leur dire que la règle va changer et qu’ils ne vont plus s’approvisionner auprès d’eux. Nous devons être très attentifs aux signaux qui viennent de la société et tenter de les anticiper. Nous le faisons en réduisant l’usage des antibiotiques dans nos élevages. Nous avons diminué les quantités de 43 % ces cinq dernières années alors que les Espagnols ont augmenté de 18 à 19 %. Cette démarche devrait être valorisée à travers une marque nationale mais nous ne savons pas encore bien le faire.
Et les images de l’association L 214 ?
Ses méthodes sont scandaleuses. Nous sommes un peu démunis face à cette communication choc sur les réseaux sociaux. Même dans des élevages bien gérés des accidents avec des animaux sont toujours possibles. Notre seule parade, c’est de jouer clairement la transparence.