L’oeuf breton se convertit plus vite que prévu

 

Les Français mangent de plus en plus d’oeufs, et pas seulement à Pâques. La consommation nationale a augmenté de 2 % en 2018, progression liée au succès des œufs alternatifs. Qu’ils soient produits au sol (+15 % en 2018), en plein air (+6,3%) ou en bio (+12,5%), ils suscitent l’adhésion des Français, de plus en plus hostiles à l’élevage en cage ou en batterie. Et qui se disent à 85 % prêts à payer plus cher pour des œufs de meilleure qualité et respectant mieux le bien être animal. Quelques vidéos en caméra cachée ont accéléré, il est vrai, la prise de conscience collective, côté consommateurs comme côté producteurs. Elle s’est traduite, en 2018, par une bascule historique dans les grande distribution. Pour la première fois, les ventes d’oeufs alternatifs sont devenues majoritaires en parts (51%) dont 31 % pour le plein air et label rouge, 17 % pour le bio et 3 % pour l’élevage au sol.

Objectif 2018 atteint dès cette année

La Bretagne est ici directement concernée puisqu’elle produit 40 % des 20 milliards d’oeufs pondus en France avec un podium départemental 100 % armoricain : 1. Côtes d’Armor (loin devant), 2. Morbihan. 3. Finistère, l’Ille et Vilaine occupant la sixième place d’un secteur qui a été très secoué ces dernières années. En 2012, il a dû faire face aux investissements imposées par les nouvelles normes sur les cages des poulaillers générant de gros investissements. Et à peine la mise aux normes établies, a été lancée la grande mutation vers les élevages en plein air, au sol ou en bio, remettant en cause le fondement même des coûteuses normes pour les cages puisqu’il a fallu tout revoir. C’est ce qui vient d’être rappelé à l’assemblée générale d’Armor œufs, groupement de 176 producteurs de sept départements de l’Ouest où l’on a évoqué ces années compliquées.

Les producteurs de l’Ouest se sont en tout cas félicité de constater que leur groupement est très en avance sur les prévisions. « Le plan de filière de 2016 prévoyait qu’une poule sur deux soit en élevage alternatif d’ici 2022. Nous allons atteindre cet objectif dès cette année. Chez nous la conversion est plus qu’avancée ».

Mais croire en une mutation complète est pour l’instant illusoire. Pour les ovoproduits destinés à l’industrie et la pâtisserie, la production d’oeufs en cages reste encore majoritaire bien qu’en baisse constante. Selon les professionnels, y renoncer serait laisser la place libre à la concurrence étrangère qui ne s’embarrasse pas de normes contraignantes pour la production de ces œufs. Mais comme pour la consommation de détail, le mouvement est amorcé. L’oeuf alternatif devrait peu à peu s’imposer dans l’industrie et sur les étiquettes des produits, sous la pression des consommateurs et la conversion des producteurs français qui ont lancé, en septembre dernier, le label Oeufs de France. Des poussins, poulettes et poules nés et élevés en France et nourris avec des céréales 100 % françaises.

René Perez

Imprimer