Les poules pondeuses élevées en cage en voie de disparition?

En France, 68% des poules pondeuses sont encore élevées dans des cages. Mais suite aux actions de L214, la grande distribution, la restauration et les industriels s’engagent à bannir les oeufs provenant de ces élevages dans leur approvisionnement d’ici 2025 au plus tard. Les élevages doivent se préparer à ces nouvelles attentes.

poules pondeuses oeufs cage

De plus en plus de sociétés et distributeurs se détournent des oeufs de poules pondeuses élevées en cage. © L214

Tous les géants de la grande distribution se sont engagés à ne plus vendre des œufs de poules élevées en cage d’ici 2025. Le mouvement a été initié par Monoprix qui n’en vend plus depuis avril 2016. Que cela soit en marque propre ou sous de grandes marques nationales. Carrefour, Leclerc, Intermarché, Cora et les supermarchés match lui ont emboîté le pas. Ils se sont engagés à ne plus vendre de tels œufs sous leur marque de distributeur d’ici 2020. Et ils les banniront de leurs rayons français quelle que soit la marque en 2025.

Auchan a pris ces deux engagements pour 2022 et 2025. Du côté du Groupe Casino, les œufs numérotés 3 seront supprimés dès 2020 sur la totalité du rayon œuf. Cela, dans toutes les enseignes Casino, Leader Price et Franprix. Picard prend cet engagement pour l’ensemble des produits commercialisés et transformés pour 2025. Même horizon pour Toupargel pour l’ensemble de ses produits en marque propre.

Un engagement mondial pour des oeufs de plein air ou bio

La coalition mondiale Open Wing Alliance, dont L214 est le représentant français, regroupe les associations pour mettre fin à l’élevage en cage dans le monde. Sous son impulsion, Carrefour vient d’étendre son engagement à l’ensemble de ses 9.500 magasins en Europe, d’ici 2025. D’autres enseignes sont déjà engagés, partout dans le monde. C’est le cas de Norma, Aldi et Lidl qui se sont engagés à supprimer ces œufs partout dans le monde d’ici 2025. En France, Lidl ne vendra plus de produits transformés fabriqués à partir de ces œufs sous sa marque propre à partir de 2020.

D’ici 2025, les consommateurs n’auront plus que le choix entre des œufs de poules pondeuses élevées au sol, en plein air ou bio. Pour Grand Frais et Thiriet, il faut aller plus loin. Ces deux enseignes ne vendront plus que des œufs plein air et bio d’ici 2025.

Une transition en marche pour les poules pondeuses

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Les oeufs assurent différentes garanties sur le mode d’élevage des poules en fonction de leur numéro. © Natura-sciences.co.

L214  a dénoncé à plusieurs reprises les conditions d’élevage des poules pondeuses, via des reportages en caméra cachée. Suite à ces enquêtes, les consommateurs se détournent de plus en plus de ces œufs. Et les entreprises leur emboîtent le pas dans tous les secteurs de l’agroalimentaire: restauration collective, hôtellerie, restauration commerciale, grossistes et fabricants industriels.

Les entreprises leaders se sont engagées à exclure ces œufs de leur approvisionnement au plus tard en 2025. Dans quelques années, ces élevages en cage devraient laisser leur place de leader du marché à l’élevage au sol et en plein air. L214 vise une fin des élevages en cage pour les poules en Europe d’ici une dizaine d’années.

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La restauration commerciale et collective entre dans la danse!

Il y a les pionniers: Ikea a banni ces œufs de ses restaurants en 2010 et Subway en 2013. Puis plus rien. Désormais, les engagements affluent. Chez Léon de Bruxelles, les œufs entiers provenant de poules pondeuses encagées disparaîtront en 2018 et tous les produits à base d’œuf en 2021. En 2025, ce sera le cas chez Domino’s Pizza, Del Arte, Courtepaille, Brioche dorée et Flunch. S’ajoutent les engagements des leaders du commerce de gros, fournisseurs pour la restauration commerciale et collective : Pomona,Transgourmet, Brake France, Davigel et Metro banniront ces œufs en 2025. Des marques sont déjà engagées pour aller encore plus loin. Par exemple, Amorino n’utilise déjà que des œufs biologiques. Et Crescendo Restauration n’utilisera que des œufs de plein air en 2025.

Selon L214,  80% du marché de la restauration collective est engagé dans une démarche d’approvisionnement hors-cage. On peut citer Sodexo, Elior et Compass qui banniront ces œufs à partir de 2025, partout dans le monde. Newrest, spécialiste du catering ferroviaire et aérien s’est aussi engagé à bannir ces œufs de ses plats d’ici 2025. L’entreprise  fournit notamment la SNCF, Thalys, Eurostar, Corsair, Delta Airline, American Airlines ou Ryanair. Et sert un million de repas par jour à travers le monde.

L’hôtellerie n’est pas en reste. Les hôtels Hilton ont banni ces œufs partout dans le monde dès cette année. Marriot International les a banni en 2015. Et le groupe Accor les bannira en 2020 dans toute l’Europe. Best Western France s’est engagé à ne plus en proposer en 2025 dans l’ensemble de ses 300 hôtels. Chez Louvre Hotels, ce sera partout dans le monde à cet horizon.

Quelle marque sera la dernière?

Les engagements précédents ne portent pour la plupart que sur les œufs destinés directement à la consommation. Mais environ 40 % de la production française par vers l’industrie agroalimentaire dont les produits transformés nécessitent d’utiliser des œufs ou des ovoproduits, c’est-à-dire sans leur coquille. Pour l’industrie agroalimentaire, il s’agit de blanc, de jaune ou d’œuf entier sous forme liquide, congelée ou en poudre. Il est donc important que les grandes marques s’engagent également à bannir ces œufs de leurs produits transformés.

Parmi les grands groupes, les engagements affluent donc de tous les rayons alimentaires. C’est le cas de la quasi-totalité des marques de mayonnaise (Amora, Bénédicta…) et des marques commercialisant des pâtes aux œufs (Groupe Panzani, Barilla, Alpina Savoie, Giovanni Rana…). On citera aussi Andros, Mondelez (Lu, Cadbury, Milka), Pierre Marinet, Michel et Augustin, Brioche Pasquier, Marie Morin, Bonne Maman, Mamie Nova, Harry’s, Pâtisseries Gourmandes (Ker Cadélac) ou encore Goûters Magiques (Whaou !, Le Ster). Tous auront bannis ces œufs en France ou dans le monde en 2025 (voir les différents  engagements).

Matines : premier producteur à se réorganiser

Avec toutes ces annonces, le signal envoyé à tous les éleveurs est clair. Il ne faut plus investir dans les cages, car la demande n’existera bientôt plus. Il faut au contraire consacrer son argent au plus vite aux modes d’élevage alternatifs. Le message est passé et ces différents engagements commencent à porter leurs fruits. Le 9 novembre 2017, le leader français des oeufs coquille Matines a annoncé sa réorganisation. Actuellement, le groupe produit environ 70 % d’œufs de poules élevées en cages et 30 % d’œufs issus d’élevages en plein air et bio. Il souhaite à terme inverser cette proportion. Par cette transformation, Matines souhaite « reconquérir son leadership dans les rayons » et s’adapter à un marché qui « tire désormais sa croissance des œufs alternatifs », annonce le groupe Avril.

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Emmanuel Macron s’est engagé à interdire la vente d’oeufs de batterie dans les supermarchés en 2022. Cet engagement a été réaffirmé par le ministre de l’agricuture, Stéphane Travert, lors du salon de l’agriculture 2018. Mais cette interdiction ne concerne que les œufs vendus frais encore dans leur coquille. Les œufs utilisés dans les plats préparés vendus en grande surface, tels que les mayonnaises ou les gâteaux, pourront encore provenir d’élevages en cages. Le ministre a par ailleurs précisé que les élevages de poules en cage ne seraient pas interdits à cet horizon.

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