Après Carrefour, Aldi, Lidl, Intermarché, deux acteurs majeurs de l’agroalimentaire veulent en finir avec les oeufs de poules élevées en cage. Ces entreprises se montrent sensibles aux demandes des consommateurs et des associations de défense des animaux qui parlent de “maltraitance”.
C’est une petite révolution que s’apprête à vivre la filière “poule pondeuse” en France. Et pour un fois, l’Europe n’y est pour rien. Ce sont les associations de défense des animaux qui sont sont à la manoeuvre et ont réussi à faire plier de grands industriels (Lesieur, Lu, Barilla,…), des groupes de la grande distribution (Système U, Monoprix,…), de l’hôtellerie et de la restauration (Accor, Hilton, Sodexo, Elior,…). Toutes ces sociétés ont ou vont bannir les oeufs issus d’élevages en batterie. Un défi pour la France où 68% des 17,7 milliards d’oeufs produits chaque année viennent de ce type d’élevage dénoncé par l’association L214. Brian Mordasini, l’un des porte-paroles :
ce sont des poules qui voient jamais la lumière du jour, il y a des problèmes de promiscuité, des cadavres en décomposition. C’est la pire forme d’élevage en ce moment
Les éleveurs mettent en avant un prix bas
Des accusations qui révoltent Denis Lemirre, éleveur à Lestrem, dans le Béthunois (Pas-de-Calais) :
Si vous n’amenez pas ce qu’il faut aux bêtes, elles vont mourir dans leur cage, nous, elles grossissent. Elles sont bien mes poules
Dans cette exploitation, on élève des poules depuis 1958. On a même crée une marque régionale “Elevage du paradis” qui fédrère une dizaine d’éleveurs avec des oeufs issus de poules en cage (40% de la production), de plein air (50%) et bio (10%). Il y a 20 ans, c’étaient 90% des poules qui étaient élevées en cage. Un oeuf de poule de plein air coûte trois fois plus cher qu’un oeuf issu d’un élevage en batterie. Nathalie Lemirre craint que la fin de cet élevage intensif se ressente sur le porte-monnaie du consommateur :
Avec l’oeuf de cage, on a l’impression de faire du social parce que c’est du pas cher. La qualité gustative est la même, jean-Pierre Coffe l’a toujours dit. Cela ne change rien !
Cette éleveuse n’a aucun problème avec l’élevage en batterie et ose même une comparaison : On met bien des habitants dans des HLM, pourquoi pas mettre des poules dans des cages ?
Cocorette, un pionnier nordiste dans l’élevage en plein air
L’avenir de la poule pondeuse serait donc à chercher dans les prés. Dans le Nord-Pas-de-Calais, une marque pionnière a été créée en 1983, Cocorette dont le siège se situe dans l’Arrageois. La marque regroupe aujourd’hui 500 éleveurs en France, dont la moitié dans sa région d’origine. Son Président, Pascal Lemaire, va ajouter 60 éleveurs supplémentaires cette année et croit au développement de l’élevage de plein air, même s’il y aura des alternatives à la poule en cage :
C’est une poule qui sera élevée dans des bâtiments et qui aura des jardins sur les côtés. Elle pourra respirer de l’air, se promener mais sans aller sur un parcours extérieur
Dans les autres pays européens, la conversion vers un élevage moins intensif a déjà commencé puisque les poules en cage ne représentent que 56% de la production.
Enfin, comment se repérer pour connaître le type d’élevage dont est issu une boîte d’oeufs ? Il suffit de regarder sur la coquille ou l’emballage :
- CODE 0 : poule bio
- CODE 1 : poule élevée en plein air
- CODE 2 : poule élevée au sol dans un bâtiment
- CODE 3 : poule élevée en cage