
Cet aliment bourré de protéines est plus consommé que jamais en France. En France, 14,3 milliards d’oeufs ont été mangés en 2018 (+2%). Un plébiscite porté par les nouvelles tendances suivies par les Français en matière d’alimentation.
Oublié le scandale du Fipronil. “On n’a jamais consommé autant d’œufs en France”, constate enthousiaste Philippe Juven. Cet éleveur de poules dans la Drôme préside aussi le CNPO, l’interprofession de l’œuf, qui dévoilait mardi les derniers chiffres du secteur en perspective de la journée mondiale de l’œuf, ce 11 octobre.
En 2018, les Français ont avalé 14,3 milliards d’œufs. Sous la forme de gâteaux ou de crèmes, en Meurette, en omelette, à la coque ou durs, leur consommation a progressé de près de 2% sur un an. Et les ventes d’œufs en volume ont encore crû de 1,8% sur les six premiers mois de 2019. Un véritable plébiscite pour cet aliment, qui bénéficie à plein des nouvelles habitudes de consommation des Français.
Des flexitariens de plus en plus nombreux
En premier lieu, l’œuf surfe sur le désamour des Français pour la viande. Aujourd’hui, près de 40% des Français se déclarent flexitariens, c’est-à-dire qu’ils réduisent la part des poissons et viandes dans leurs repas. Ils viennent ainsi grossir les rangs de ceux, comme les végétariens, qui vont trouver les protéines animales nécessaires à leur alimentation dans les œufs. Ainsi, aujourd’hui, 98% des Français disent consommer des œufs, une part en hausse de 2% en un an.
La tendance du consommer sain, qui se matérialise notamment par cette appétence pour le flexitarisme, se ressent également sur le type d’œufs consommés par les Français. Par exemple, les œufs de poules élevées en cages, entassées les unes sur les autres, comme l’ont notamment révélé des vidéos de l’association L214, ont de moins en moins la cote.
Désormais, plus de la moitié des œufs achetés par les Français ont été pondus par des poules élevées en plein air ou en bio. De leur côté, les œufs de poules élevées en batteries ou au sol (en bâtiment mais sans cage) ne représentent plus que 49% des ventes. Alors qu’en 2015, ils s’accaparaient encore 70% du marché.
Des oeufs plus chers
Le principal bénéficiaire de ce report, c’est l’œuf bio, dont les ventes ont augmenté de 2 points, à 19% du total. Désormais, un tiers des acheteurs d’œufs n’achètent plus que ceux issus d’élevages bio, une part en progression de 11,7% au premier semestre 2019 par rapport à 2018.
Avec un effet sur le chiffre d’affaires des éleveurs, puisque ces œufs coûtent en moyennes 40 centimes chacun (contre 10 centimes l’œuf de poule en cage). Ainsi quand les ventes d’œufs ont augmenté de 2% en volume, elles ont progressé de 3,5% en valeur.
Du coup, la filière s’adapte à vitesse grand V. Les éleveurs de poules ont commencé à abandonner les cages en 2016. Et depuis, les cheptels de poules pondeuses bio explosent : leur nombre a crû de près de 20% en 2017, puis en 2018. Et ça s’accélère encore en ce début 2019, avec une “augmentation spectaculaire de 27%” au premier semestre 2019 par rapport à la même période en 2018, et le nombre d’œufs bio pondus de 21%.
Il faut dire que la ferveur autour de l’œuf, en particulier bio, n’est pas prête de s’éteindre. Elle devrait encore être alimentée par la loi Egalim, qui va obliger les cantines publiques à proposer 50% de produits bio et un menu végétarien par semaine d’ici 2022.