Le scandale des poules pondeuses tué dans l’oeuf

Les œufs sont néerlandais, l’insecticide proscrit est belge. Officiellement, la France n’est pas menacée “ à ce jour ”.

 La France n’est, « à ce jour », pas concernée par le scandale des œufs contaminés par un insecticide qui touche en particulier l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, a précisé samedi le gouvernement. Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation était informé de cette menace dès le 20 juillet dernier à la suite d’une alerte communautaire. La France a toutefois lancé des enquêtes en étroite collaboration avec les autorités sanitaires belges. Le risque lié à la consommation éventuelle de ces produits semble officiellement limité. « Si ces enquêtes en cours mettent en évidence que des denrées issus des élevages contaminés étaient commercialisées en France, la Direction générale de l’alimentation procéderait immédiatement à leur retrait-rappel du marché », s’empresse d’indiquer le ministère de l’Agriculture.

Seul un éleveur du Pas-de-Calais pourrait être concerné

Dans l’intervalle, les professionnels français des filières concernées ont été informés et il leur est demandé de vérifier leur approvisionnement. A ce jour, seul un éleveur du département du Pas-de-Calais a signalé aux autorités avoir été informé le 28 juillet par un de ses partenaires belges que le produit incriminé, le Fipronil, un insecticide antipoux « avait potentiellement été utilisé dans son élevage ». Cette exploitation a aussitôt été mise sous surveillance et la vente de ses produits suspendue le temps de l’enquête et des analyses.
Le scandale s’est étendu vendredi à plusieurs pays européens qui ont lancé préventivement la traque dans les rayons de leurs supermarchés de plusieurs millions d’œufs néerlandais suspectés de contenir des traces de l’insecticide proscrit.
Les supermarchés néerlandais et allemands avaient commencé jeudi à retirer en masse et vendredi à plus petite échelle. Les autorités sanitaires suédoises et belges ont également commencé à tracer et retirer des lots d’œufs suspects. Les enseignes Aldi, Lidl, Rewe et Penny, spécialisées dans les gammes de premiers prix, sont concernées.
A l’origine de l’affaire, des éleveurs néerlandais de volailles ont fait appel à Chickfriend, une société spécialisée dans l’éradication du pou rouge, qui a employé dans son produit le fameux Fipronil. Cette molécule est interdite dans le traitement des animaux destinés à la chaîne alimentaire.

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Mieux contrôler

On ne badine pas avec la norme outre-Rhin, mais sa gestion fait débat. Sous l’argument du principe de précaution et par respect pour sa clientèle, l’enseigne Aldi a spendu depuis vendredi toute vente – et donc tout approvisionnement – d’œufs en Allemagne. Cette attitude largement médiatisée est jugée « très exagérée » par les producteurs travaillant ordinairement pour ce distributeur. Selon la fédération allemande avicole, la décision d’Aldi fait perdre 4.000 € de chiffre quotidien d’affaires à chacun de ses fournisseurs. Les autorités locales de contrôle sanitaire sont visées. Leur rigorisme affiché ces derniers jours dissimule mal un certain laisser-aller, selon plusieurs ONG spécialistes de ce dossier.

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Fipronil ?

Notamment fabriqué par le chimiste allemand BASF, le fipronil est un antipoux et tiques utilisé couramment dans les colliers insecticides pour chiens et chats. Mais cette molécule est interdite dans le traitement des animaux destinés à la consommation par l’homme, jugée dangereuse pour le foie, les reins et la thyroïde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En l’espèce, le fournisseur d’insecticide mis en cause se serait fourni en Roumanie.

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