La Selle-Craonnaise : Damien Salmon, l’ancien producteur de lait, devenu producteur d’oeufs

A 50 ans, cet agriculteur, fils d’agriculteurs, a décidé de changer de vie. Car le changement de production, c’est un changement de vie. Il s’est séparé de ses 40 vaches le 1er juillet et depuis 800 poules le réveillent chaque matin.

Damien Salmon devant ses poules © Radio France – Stéphanie Denevault

Damien Salmon est un homme heureux car il ne se voyait pas continuer pendant 15 ans comme ça :“moi je travaillais pour Sodiaal, c’est le premier groupe coopératif français mais je ne l’avais pas choisi, et c’est très compliqué de changer. Peu de considération, alors que c’est une coopérative, moi j’avais l’impression de faire des efforts, je connaissais mes vaches, je savais qu’elles sortaient plus de 300 jours par an, j’utilisais pas de soja, j’avais jamais de pénalités….mon lait il partait en vrac, il n’y avait aucun valorisation de ce que je faisais, j’étais un pion.” Un pion sur l’échiquier et ça Damien Salmon ne le supporte plus. L’an dernier quand il reçoit les résultats comptables de son exploitation, il se rend compte qu’il travaille beaucoup, trop, que ses revenus baissent et surtout qu’il a de moins en moins de plaisir à faire son métier d’agriculteur. Impossible pour lui de concevoir ce métier sans passion. La décision est prise, il décide d’arrêter le lait et de se lancer dans l’élevage de poules. Il découvre un réseau de producteurs qui s’est créé il y a quelques années en Normandie “Notre basse-cour”. Il lui faudra un an pour régler toutes les formalités et surtout convaincre la banque de lui prêter 75.000 euros pour se lancer dans cette nouvelle production.

Les poules de Damien Salmon - Radio France
Les poules de Damien Salmon © Radio France – Stéphanie Denevault

Le matin de Noël je serai tout seul au milieu de mes poules

Damien Salmon a dû prendre son courage à deux mains pour aller avec sa voiture démarcher les restaurateurs et commerçants du Sud-Mayenne. Pour leur vendre des œufs… que ses poules n’avaient pas encore pondu. Ils devaient lui faire confiance et surtout à son réseau de producteurs engagés dans une certaine démarche : œufs fermiers, poules élevées en plein air, nourries avec des aliments sans OGM, sans soja et sans huile de palme. On lui a fermé la porte au nez plusieurs fois, mais d’autres portes se sont ouvertes en grand. Damien Salmon vend aujourd’hui tous ses œufs à une douzaine de clients : “pour le moment ça va, c’est pas rose tous les jours, au mois d’août j’étais tout seul avec mes poules, les magasins étaient fermés, l’hiver ça va être plus compliqué car c’est du plein air, je sais que le matin de Noël je serais tout seul avec mes poules! Mais moi j’aime ça, travailler, ça m’attire aussi, je me plais mieux à être comme ça dehors à m’occuper de mes poules plutôt qu’enfermé dans un grand bâtiment”

 

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