La crise Fipronil a-t-elle eu un impact sur les ventes d’oeufs bio dans nos supermarchés?

“Ça devient compliqué de trouver des oeufs bio en grande surface. Un effet Fipronil?”, nous demandait un consommateur via le bouton orange Alertez-nous. D’autres clients nous ont également signalé s’être retrouvés à plusieurs reprises au rayon des oeufs avec un espace bio vide alors que les cartons d’oeufs conventionnels s’empilaient juste à côté. Les révélations, au milieu de l’été, d’oeufs contaminés par le Fipronil, cet insecticide utilisé pour lutter contre les poux rouges dans les élevages de gallinacés, ont-elles poussé les consommateurs à se tourner davantage vers les oeufs bio? Nous avons posé la question aux porte-paroles de trois grandes enseignes.

Des ventes stables chez Carrefour et Colruyt

Chez Carrefour et Colruyt, on indique que la crise du Fipronil n’a pas eu d’effet notable sur les ventes d’oeufs, qu’ils soient d’origine bio ou conventionnels. Les deux géants ont résumé par le même adjectif: “stable”. “Pas vraiment de hausse, pas de baisse non plus”, rapporte Colruyt. “Pas de différence importante par rapport à l’année passée”, renchérit Carrefour.

Une hausse chez Delhaize pendant quelques semaines

Par contre, Roel Dekelver, le porte-parole de Delhaize, nous informe qu’un effet temporaire a bien été observé. La vente d’oeufs non-bio a baissé de 15% dans les deux ou trois semaines qui ont suivi la divulgation de la contamination. Mais ensuite, poursuit-il, la situation est progressivement revenue à la normale: “On est revenus au niveau d’avant-crise dans les deux dernières semaines”, dit-il.

Le phénomène n’est pas neuf, explique Roel Dekelver qui nous apprend que les ventes de produits bio progressent toujours lors d’un scandale alimentaire. Il cite l’exemple des concombres touchés par la bactérie E. Coli en 2011 et qui avaient eu un impact positif sur le marché des concombres bio. Le porte-parole ajoute éaussi que, plus globalement, les ventes d’oeufs bio ont cru de 15% au cours des dernières années.

Wallonie et Flandre: “Une logique diamétralement opposée”

En Belgique, la production d’oeufs est concentrée en Flandre où les élevages industriels sont nombreux. La Wallonie représente seulement 12,6% de la production nationale avec 224 millions d’oeufs pondus par 1,7 million d’oiseaux. Mais, précise le ministère wallon de l’agricuture, la région est dans “une logique diamétralement opposée à la Flandre”, qui “se traduit notamment par des standards de production élevés et des produits de haute qualité, est encouragée par l’Aide au Développement et à l’Investissement dans le secteur agricole – ADISA – qui favorise une agriculture durable.”

Un discours qui se vérifie dans les chiffres puisqu’il y a en Wallonie désormais davantage d’exploitations bio qu’en batterie.

Le ministère de l’agriculture nous a fourni ses derniers chiffres.

Nombre d’exploitations en Wallonie:

Bio: 30
Plein air: 15
Sol: 13
Cages dites “enrichies”: 13 exploitations

Que garantit l’origine bio des oeufs?

– L’élevage ne dépasse pas les 3000 individus (pour 300.000 dans les élevages en batterie) avec un maximum de 6 poules par mètres carré.

– Les poules disposent d’un terrain à l’extérieur dont la taille minimale assurera au moins 4 mètres carré par poule.

– Les gallinacés mangent une alimentation constituée à 95% minimum de matières premières issues de l’agriculture bio.

Comment reconnait-on l’origine bio d’un oeuf?

Le consommateur peut reconnaître l’origine “bio” d’un oeuf grâce au premier chiffre du long code inscrit sur chaque coquille. Bio, c’est “0”. Et le “3” équivaut au pire, l’élevage en batterie. Entre ces deux extrêmes, le “1” indique que la poule peut marcher en plein air et le “2” renseigne une ponte au sol mais sans que l’animal quitte jamais son hangar.

Après ce chiffre, le reste du code donne:
– le pays d’origine (BE pour Belgique, FR pour France, etc.)
– l’élevage (XXX) et le bâtiment (00)
– la date de consommation recommandée.

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