La crise des oeufs contaminés prend de l’ampleur en Europe

Treize lots d’oeufs contaminés par un insecticide nocif ont été livrés en France. Les éleveurs néerlandais risquent de devoir abattre plusieurs millions de poules.

Alors que des millions d’oeufs ont été retirés de la vente en Allemagne et que des lots d’oeufs contaminés viennent d’être détectés en France, la facture s’annonce lourde pour le secteur avicole néerlandais.

Suite à la découverte de traces d’un insecticide nocif à la santé humaine dans des oeufs produits dans des exploitations du royaume, les Pays-Bas risquent de devoir abattre un ou plusieurs millions de poules pondeuses, après les 300 000 animaux tués ces derniers jours, selon les chiffres avancés par la Fédération de l’agriculture et de l’horticulture néerlandaise LTO.

Des pertes qui atteignent déjà des millions d’euros

Les pertes s’élèvent déjà à « plusieurs millions d’euros », avance le syndicat néerlandais des aviculteurs (Nederlandse Vakbond Pluimveehouders). Au total, au moins 150 exploitations, soit un quart de la branche, sont sous le coup de mesures sanitaires obligeant le confinement des volailles. Tous les oeufs produits doivent être détruits.

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La crise continue en tous les cas de se propager en Allemagne, en Suisse et en Suède, où des millions d’oeufs provenant des Pays-Bas –qui comptent près de 50 millions de poules pondeuses– ont été rappelés et détruits. En Belgique, 57 sociétés, représentant 86 poulaillers, sont suspectées d’être contaminées, soit un quart des 210 élevages de poules pondeuses du pays. En France, treize lots d’oeufs contaminés au fipronil en provenance des Pays-Bas ont été livrés à deux établissements de fabrication de produits à base d’oeufs de la Vienne et du Maine-et-Loire en juillet, a annoncé ce lundi le ministère de l’Agriculture. Pour l’instant, les pouvoirs publiques n’étaient pas en mesure de dire si les produits incriminés s’étaient retrouvés dans le commerce et en quelle quantité, alors qu’une enquête est en cours.

Abattage ou hivernage

Devant l’ampleur de la crise,, « des faillites d’exploitations ne sont pas à exclure », estime une porte-parole du syndicat néerlandais LTO. Vendredi, un aviculteur a demandé sa mise en cessation de paiement.

Pour l’heure, les exploitations néerlandaises ont le choix entre deux solutions pour venir à bout de cette contamination. Outre l’abattage pur et simple des poules par gazage au CO2, qui soulève déjà l’indignation des défenseurs de la cause animale, les volailles peuvent être mises dans des conditions d’ « hivernage » (mise à la diète et réduction de la luminosité). La perte des graisses qui en résulte entraîne le rejet des résidus du fipronil.

Reste que l’opération doit se dérouler sur six semaines, sans compter ensuite le temps nécessaire aux autorités sanitaires pour effectuer les contrôles de conformité. En l’état, des négociations sont en cours entre le ministère des Affaires économiques et la LTO pour débloquer des aides d’urgence. Par ailleurs, afin d’être indemnisés, la LTO incite les exploitants avicoles à engager des poursuites contre la société ChickFriend qui s’était chargée de l’assainissement de leurs poulaillers en recourant à un produit contenant un taux anormalement élevé de fipronnil.

Didier Burg

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