Insecticide Fipronil : le seul éleveur français victime du scandale est toujours sans aide de l’Etat

Un éleveur de Saint-Tricat, près de Calais, est en grandes difficultés. Il est officiellement le seul agriculteur touché par le scandale du Fipronil, qui a secoué la production d’œufs en Europe, il y a plus d’un an. Il attend désespérément des aides du Ministère de l’Agriculture.

Pascal Butez, éleveur de poules pondeuses, à Saint-Tricat, près de Calais, attend toujours les aides promises par l'Etat, après le scandale du Fipronil.
Pascal Butez, éleveur de poules pondeuses, à Saint-Tricat, près de Calais, attend toujours les aides promises par l’Etat, après le scandale du Fipronil. © Radio France – Matthieu Darriet

Saint-Tricat, France

300 poules pondeuses sont actuellement en test dans l’atelier presque désert de Pascal Butez. Il s’agit de vérifier si le Fipronil a enfin disparu de chez cet éleveur de Saint-Tricat, près de Calais. L’insecticide, interdit en Europe pour les produits alimentaires, ne se dissout pas. Découvert en juillet 2017, dans cet élevage de poules, il est très résistant et a été présent entre 25 et 50 fois plus que la norme, chez Pascal Butez.

300 poules pondeuses sont en test actuellement dans l'élevage de Pascal Butez. Leurs œufs sont en cours d'analyse pour vérifier si la contamination au Fipronil est toujours présente. - Radio France
300 poules pondeuses sont en test actuellement dans l’élevage de Pascal Butez. Leurs œufs sont en cours d’analyse pour vérifier si la contamination au Fipronil est toujours présente. © Radio France – Matthieu Darriet

“Aujourd’hui, je n’ai toujours pas le droit de produire des œufs dans mon élevage. J’ai toujours un taux de contamination trop élevé. Il y a eu onze nettoyages effectués dans mon élevage ; suite aux huit premiers, c’était toujours contaminé ; pour les trois derniers, j’attend les résultats.”

Une catastrophe économique

Pascal Butez est impatient et aussi écœuré, car aujourd’hui son entreprise est au bord de la liquidation. Il a dû licencier son salarié, car les aides promises par le Ministre de l’Agriculture ne viennent pas.

“J’ai tout fait pour que ce scandale n’atteigne pas le consommateur. Je me suis déclaré le jour même de la découverte. Aucun œuf de ma production contaminée au Fipronil n’a été mis sur le marché. Je suis victime, et je ne suis pas aidé ! On peut en venir à la conclusion que ne n’aurais dû rien dire, mais ce n’est pas ma façon de vivre et de penser. L’honnêteté, c’est quelque chose d’important.”

Mais aujourd’hui, est-ce que l’honnêteté paye ? J’en doute, vu ma situation.

Cette situation est d’autant plus incompréhensible pour l’éleveur, qu’il est bien une victime du scandale du Fipronil, comme 150 collègues en Belgique, et autant en Allemagne et aux Pays-Bas. 

Après la découverte de Fipronil dans les œufs de cet élevage, les 60.000 poules de Pascal Butez ont dû être détruites.  - Radio France
Après la découverte de Fipronil dans les œufs de cet élevage, les 60.000 poules de Pascal Butez ont dû être détruites. © Radio France – Matthieu Darriet

” J’ai eu le malheur d’utiliser un insecticide à base de plantes, agréé Bio ;  mais du Fipronil y a été ajouté frauduleusement, par le fournisseur. J’ai déposé une plainte, mais comme c’est entre trois pays, cela va prendre très longtemps, entre 5 et 10 ans.”

Pour l’instant Pascal Butez ne peut compter que sur la solidarité des agriculteurs du secteur qui sont venus l’aider, notamment au moment de détruire ses œufs et ses 60 000 poules. Mais les syndicats agricoles ne parviennent pas à faire entendre sa détresse au Ministère. 

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© Radio France – Eric Turpin

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