INFOGRAPHIE | Œufs contaminés: le prix des jaunes et des blancs flambe

Le prix des œufs pour les entreprises alimentaires a doublé depuis la crise du fipronil au début de l’été. Pénurie d’ovoproduits?

Bio, de poule en cage, au sol ou en plein air, aucun œuf n’échappe au dérèglement de l’offre et de la demande.-wsf-f – Fotolia

La pénurie d’œufs se fait sentir par une hausse des prix; des millions de poules pondeuses ont été détruites depuis le début de la crise du fipronil. Et la demande reste forte dans l’industrie agroalimentaire; produits de boulangerie et autres sauces prêtes à la consommation devraient en pâtir. Comme la mayonnaise qui contient 7,5% de jaune d’œuf.

Depuis quatre générations, Colona fabrique une gamme complète de mayonnaises et de sauces émulsionnées. L’entreprise de Waremme, qui occupe une centaine de personnes, exporte 82% de sa production, soit une cinquantaine de sauces avec ou sans œufs. Ici en Hesbaye, on a besoin de 1 million sept cent cinquante mille œufs par semaine. Soit 3 tonnes de jaune par semaine, livrées sous forme liquide et en poches sous vide. Et en 2018, Colona compte traiter 800 000 jaunes d’œufs en plus.

«On reçoit ce que l’on commande, mais le prix a doublé voire triplé selon la qualité,explique Philippe Colon, l’administrateur-délégué. Certains fournisseurs assument les prix du contrat qui court jusqu’à la fin d’année, d’autres pas. Heureusement, nous disposons de fournisseurs réguliers dans différents pays de l’Union européenne. Durant la crise du fipronil, l’Afsca était présente chez nous tous les jours. On a eu peu de cas…»

Le chef d’entreprise a connu la crise de la dioxine en 2000, puis celle de la peste aviaire en 2012; ici, près de 18 pays sont touchés par les conséquences des traitements à l’acaricide.

«Si les prix ont pu être maintenus avec la dioxine, les trois derniers mois de 2012 nous ont coûté beaucoup d’argent, se rappelle notre interlocuteur. Dans l’alimentaire, on n’est jamais à l’abri, les clients devront bien accepter une hausse des prix.»

VITE DIT

– Les analystes prévoient que la pénurie d’œufs et leurs prix extrêmes dureront encore plusieurs mois (NDLR: une poule pond dès l’âge de 20 semaines en moyenne). Ce fâcheux contrecoup menace tout particulièrement la viabilité des nombreuses PME. « Malgré les efforts continus des entreprises pour améliorer leur efficience en vue de compenser l’augmentation des coûts de production, leurs marges souffrent. 2017 pourrait devenir pour bon nombre de producteurs alimentaires une année désastreuse», communique la Fédération de l’industrie alimentaire belge (FEVIA).

– Le groupe Nestlé a annoncé vouloir s’engager à ne plus utiliser d’œufs de poules élevées en cages dans l’élaboration de ses produits d’ici la fin 2020, dans l’Union européenne et aux États-Unis. L’association de défense des animaux Gaia a tenu hier jeudi à saluer cette nouvelle: «la décision du géant mondial de l’agroalimentaire délivrera des millions de poules pondeuses des cages, et est une preuve supplémentaire que ce type d’élevage est véritablement en train d’être relégué au passé», a souligné la directrice de Gaia, Ann De Greef.

 

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