
Ils lancent leur exploitation de poules, porcs ou légumes. Ensemble, ils investissent plus de 4 millions d’euros dans le Pays de Guingamp, avec un coup de pouce de la Région.
L’agriculture a encore de beaux jours devant elle, à regarder l’enthousiasme et les mines réjouies de ces cinq jeunes qui lancent leurs projets près de Guingamp. Jeudi, ils étaient réunis par Initiative Pays de Guingamp.
La structure présidée par Michel Poins, qui existe depuis 15 ans, propose un accompagnement tout au long de la vie de l’entreprise et octroie des prêts d’honneur, financés par la Région et l’Europe, via la politique agricole commune.
Les poules ont la cote
Ces cinq agriculteurs en ont bénéficié. Déborah Pichon, 23 ans, installe son élevage de 6 000 poules, en « Label Rouge », à Saint-Fiacre. Une reprise de l’exploitation de sa belle-mère, avec l’achat de quelques génisses et la création d’un atelier d’élevage de chevaux. Julie Coutey, 28 ans, se lance aussi dans la poule pondeuse, avec 10 ha en conversion bio, à Saint-Servais : un engouement qui confirme le statut des Côtes-d’Armor comme premier département producteur d’œufs de France. Olivier Tanguy reprend une exploitation porcine conventionnelle, à Plouisy, avec « l’objectif d’élever 80 truies et de passer en bio, quand les travaux seront finis ».
Florent Le Coz, 30 ans, reprend l’exploitation de son père, à Kermoroc’h. Il s’est installé en maraîchage le 1er janvier, avec lui aussi le projet de passer en bio dans les années à venir. Enfin, Thierry Guignard, ex-chef de chantier, reconverti de 37 ans, s’installe à Maël-Pestivien. Pour se lancer dans l’élevage de 35 000 poules pondeuses, sur un parcours de 16 ha, il avait « besoin d’un gros financement ».
220 000 € de prêts
Il va bénéficier d’un prêt d’honneur de 50 000 €, accordé par le réseau Initiative Bretagne. Des prêts de 5 ans, avec possibilité de différer le remboursement de 1 à 3 ans (soit 8 ans maximum). En tout, les cinq exploitants reçoivent 220 000 € (de 20 000 à 50 000 € chacun), et leur investissement total représente 4, 1 million d’euros.
« C’est de l’argent qui va irriguer le territoire, faire travailler des entreprises locales, se réjouit la conseillère régionale Mona Bras. Ces prêts aident au maintien de l’agriculture locale, à la transition en bio et à l’installation de jeunes ». Au-delà de l’aspect financier de l’aide, elle permet aussi « de crédibiliser un projet auprès des banques », estime Olivier Tanguy. Le soutien par la Région constituant un gage de sérieux.
« Ils auront des crises à affronter, c’est clair », signale Philippe Bono, ex-agriculteur et bénévole d’Initiative Pays de Guingamp. « En ce moment, le porc va bien, mais un jour il ira moins bien. » D’où l’importance de bénéficier du réseau de la structure, et du parrainage par d’autres entrepreneurs ou anciens exploitants agricoles.
Dans un secteur qui connaît parfois des difficultés, les cinq porteurs de projet ont pourtant décidé de faire le grand saut : « Pour moi, la poule a été une révélation », s’enthousiasme Déborah. Florent a lâché son emploi dans l’informatique, Thierry a « une passion de l’élevage, l’environnement, la nature »… Des jeunes avec beaucoup d’envie, prêts à investir dans le territoire.