Le rapport de l’éleveur à ses bêtes a évolué ces dernières années. C’est le sujet d’un débat, organisé par la Confédération paysanne à Saint-Segal.
L’agriculteur entretient-il le même lien avec ses 10 000 poules pondeuses que son ancêtre paysan avec sa basse-cour ? Indéniablement, non. L’évolution des modes d’élevage a bouleversé le rapport de l’éleveur à ses bêtes, ces dernières années. C’est pour « ouvrir un espace de dialogue » sur ce sujet que la Confédération paysanne du Finistère propose, ce jeudi 25 octobre, une conférence-débat à Saint-Segal.
« Quelque chose s’est joué avec l’agrandissement des élevages », note Jules Hermelin. Chargé de mission à la Confédération paysanne, il prépare une thèse en anthropologie sur le rapport de l’éleveur laitier à l’économie. « L’élevage laitier est un secteur où l’agriculteur a encore un lien fort avec ses bêtes. Il connaît en général toute la filiation de ses animaux. Je me souviens d’un éleveur s’emportant avec l’une de ses vaches en disant : Attention, je connais ta mère ! »
Nom des vaches
Mais, à l’image des troupeaux de moutons, des porcs ou des volailles, l’agriculteur moderne choisit ou est contraint d’agrandir son cheptel. « Un éleveur m’a dit : en augmentant mon cheptel, pour rationaliser le travail, j’ai été obligé de travailler avec des numéros et non plus des noms pour mes vaches. Mais je préférais avant : lorsque mes vaches étaient mes collègues et non mes outils de travail. »
Un phénomène de « déliaison », pour les deux intervenants du débat de jeudi : Christian Nicourt, docteur en Histoire à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et Jacques Cabaret, vétérinaire et chercheur à l’Inra. « Beaucoup d’éleveurs ne font plus naître leurs bêtes. On leur amène un produit animal, on leur vend son alimentation, ses médicaments… Les animaux peuvent même être nourris sans l’intervention de l’homme », constate Jacques Cabaret.
« Quel type de relation voulons-nous avoir avec les bêtes ? demande Jules Hermelin. Des machines, des êtres vivants ? » Avec la remise en cause régulière de l’exploitation de l’animal par l’homme, le débat est plus que jamais d’actualité.