« En hiver les poules pondent moins, c’est comme ça ! »

« Au pré de l’assiette » invite les acheteurs de la restauration collective publique à découvrir les producteurs d’Agrilocal et à comprendre leurs impératifs.

Avec plus de 560 tonnes de produits fermiers commercialisés depuis son lancement, la plateforme Agrilocal n’a de cesse de poursuivre son développement. Elle rassemble désormais sur le territoire puydômois plus de 280 producteurs et 210 acheteurs. Dans le cadre de l’opération « Au pré de l’assiette », le Conseil départemental a invité les acteurs de la restauration collective publique à visiter plusieurs exploitations agricoles auprès desquels ils se fournissent. Christine Bernard, éleveuse de poules pondeuses a ainsi ouvert les portes de son élevage et expliqué à ses clients pourquoi, à certaines périodes de l’année, elle est en rupture de stock.

40 % de la production écoulés par Agrilocal

Installée en 2013 après une reconversion professionnelle, Christine Bernard est l’une des rares productrices d’œufs en plein air et en vente directe du département. Les quelque 200 000 œufs produits chaque année sur l’exploitation sont vendus majoritairement via Agrilocal. L’accès à ce marché ne s’est pas réalisé sans investissements. L’éleveuse a été dans l’obligation de créer une plateforme d’emballage. Dans le petit local, une machine, munie d’un laser, trie les œufs suivant leur taille et appose la date « mais ce sont mes yeux qui détectent les fêlures ». Tout comme les œufs sales retirés de la vente. « Je recherche depuis plusieurs années une valorisation à ces produits souillés qui ne peuvent être vendus. Les jeter, comme c’est le cas aujourd’hui, est un manque à gagner considérable. Je peux en avoir jusqu’à 40 par jour. Le chiffre grimpe vite sur une année » précise l’éleveuse à ses visiteurs. Elle les conduit ensuite vers son atelier où elle fabrique l’aliment. Ses poules sont nourries avec une ration de blé et d’avoine, produits sur la ferme, et de maïs et tournesol achetés dans les environs. « Leur ration est 100% locale. Ce choix est un investissement car j’ai dû acheter du matériel spécifique et rénover une ancienne grange pour l’installer. »

« Les poules ont un cycle »

Christine Bernard explique ainsi à ses acheteurs comment sont produits les œufs qu’ils emploient dans leur cantine et l’intérêt de se tourner vers le local. Les 1 450 poules de la ferme d’Ozelle gambadent dans les prés où 5 bâtiments déplaçables les abritent. « Je change régulièrement d’emplacement mes poulaillers afin qu’elles aient toujours de l’herbe fraîche. C’est bon pour elles, mais aussi pour le terrain. » Là encore, ce système comprend des contraintes et pas des moindres puisqu’ils ne sont ni raccordés à l’électricité, ni à l’eau courante. « C’est la raison pour laquelle en décembre, janvier et février, je ne peux pas livrer d’œufs. Les bâtiments ne sont pas chauffés et je m’y refuse. Les poules ont un cycle, c’est dans leur nature de réduire leur ponte en hiver » explique-t-elle. Un mode de production extensif engendrant des manques à gagner mais l’éleveuse avance un argument de taille « mes poules je les garde deux ans contre un an dans un élevage plus conventionnel ».

Mélodie Comte

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