Installés à Rocourt-Saint-Martin dans l’Aisne, Vincent et Thomas Levêque ont investi dans une volière plein air de 40 000 pondeuses pour diversifier leur exploitation et valoriser leurs terres. Un an plus tard, Vincent Levêque dresse le bilan de cette nouvelle activité.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile au début pour prendre en main l’élevage de pondeuses ?
Au début, il faut apprendre à connaître le bâtiment et le matériel. Au début, on est confronté à plusieurs petites pannes, on cherche toujours un peu d’où ça vient. Le réglage de la ventilation n’était pas évident non plus, nous avions peur de faire des bêtises.
Ceci dit, le premier lot s’est très bien passé, j’ai juste eu un petit accident à un moment, car j’avais mal calculé mon stock d’aliments et je me suis retrouvé en rupture un dimanche. Les poules n’ont pas eu à manger pendant près de 24 heures, ça a été difficile à récupérer. Heureusement, on est bien suivi par les techniciens, que ce soit le constructeur, le fabricant d’aliments ou le fournisseur de poulettes.
Si vous deviez le refaire, que changeriez-vous ?
Il y a toujours des petites choses à changer. Par exemple, je construirais une salle de travail légèrement plus grande. Elle mesure 6 mètres de profondeur sur 27 mètres de large, mais il manque quelques mètres en profondeur. Il manque aussi un peu de béton devant la fumière. Mais ce sont des détails.
Vous souhaitiez valoriser vos terres et diversifier votre activité. Considérez-vous avoir atteint votre objectif ?
Oui. La construction de l’élevage de pondeuses a permis d’embaucher une personne et d’occuper tout le monde toute l’année.
Je n’incorpore pas encore le blé dans l’alimentation, mais j’utilise les fientes comme fertilisants. Concernant l’utilisation du blé, le projet a été repoussé, car je trouve que ce n’est pas forcément rentable par rapport à l’investissement. J’ai fait faire des devis, mais j’attends de trouver une solution qui convienne.
Aujourd’hui, la construction d’une structure pour le stockage me couterait environ 200 000 euros. Par ailleurs, le prix de l’œuf est indexé sur le prix de l’aliment. Donc si notre conditionneur achète l’aliment à bas coût, nous serions obligés de vendre notre blé à un faible prix. Nous économiserions seulement le prix du transport. L’investissement me semble donc un peu risqué, c’est pourquoi je préfère attendre d’avoir des retours d’expériences d’autres éleveurs.
Avez-vous réalisé des aménagements sur votre bâtiment ?
Nous allons profiter du vide sanitaire pour faire quelques petites améliorations. Nous allons par exemple faciliter la purge des circuits d’eau. Jusque là, nous devions raccorder un tuyau au bout de la chaine de pipettes puis le tirer jusqu’à la canalisation pour pouvoir le purger. Nous allons donc installer un système d’évacuation de l’eau pour que l’on n’ait plus qu’à ouvrir le robinet.
Je vais aussi ajouter des vannes afin de pouvoir couper les lignes d’eau séparément en haut et en bas du bâtiment. En effet, une ligne de pipette se situe en bas des volières et une autre ligne dans les pondoirs. Au début de l’élevage, on ouvre les deux lignes. Puis progressivement, nous fermons la ligne du bas quelques heures par jour, jusqu’à la fermer complètement, pour encourager les poules à pondre dans les pondoirs. Pour cela, nous devons entrer dans les bâtiments, au milieu des poules. Je vais donc tirer un tuyau afin de pouvoir couper la ligne depuis la salle technique.
Je vais aussi améliorer mon répartiteur de fientes dans la fumière et ajouter une gaine de ventilation. La ventilation est bonne, mais je me suis rendu compte que lorsqu’il fait très chaud, le flux d’air n’était pas assez important à l’étage au début des bâtiments. Je vais donc rajouter une trappe supplémentaire qui s’ouvrira en cas de fortes chaleurs.
Vous aviez investi dans un robot palettiseur (Junior). En êtes-vous satisfait ?
Oui, on ne le revendrait pas, c’est sûr ! Grâce à lui, une personne seule suffit pour gérer les tâches quotidiennes.
Vous aviez également installé des jardins d’hiver. Qu’en pensez-vous aujourd’hui ?
On en est très content. Cela permet d’améliorer l’isolation du bâtiment. Côté bien-être animal, on peut mettre les poules dehors sans qu’elles soient véritablement en extérieur.
Vous aviez fait le choix d’une volière plein air. Que pensez-vous de ce choix avec le recul ?
Pour l’instant, je ne regrette pas. Cela me permet de mettre un robot, contrairement aux élevages bio, et de récupérer les fientes sur mon exploitation.
À l’époque, vous envisagiez une conversion en bio dans les 10 ans à venir, est-ce toujours dans vos projets ?
Pourquoi pas, si le marché nous y pousse. Mais pour l’instant, je ne suis pas prêt à faire le pas. Ce qui me freine, c’est le changement de technique, non seulement sur l’élevage, mais sur toute la ferme. C’est un changement qui demande une certaine expérience et de la formation. Cependant, la conversion sera plus certainement difficile sur les cultures que pour la volaille.