Des œufs de plus en plus haut de gamme

Le marché de l’œuf produit en cage diminue de plus en plus alors que celui des œufs plein air, bio ou local progresse très nettement. Pour répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, la société Envie d’œufs du groupe Dauphinoise s’adapte.

Envie d'œufs se positionne pour proposer à ses clients des marques mettant en avant l'origine locale des œufs produits. Ces œufs sont labellisés IsHere.
Envie d’œufs se positionne pour proposer à ses clients des marques mettant en avant l’origine locale des œufs produits. Ces œufs sont labellisés IsHere.

« En France, il y a cinq ans, 80 % des poules pondeuses étaient en cage. A l’horizon 2020, une poule sur deux sera issue d’un élevage alternatif », expose Francis Gaud, directeur général d’Envie d’œufs Sud-est.
Plus qu’un changement, c’est une véritable mutation qu’opère actuellement le marché de l’œuf. Pour répondre à une plus grande exigence de qualité des consommateurs, les organisations de production doivent s’adapter et diminuer la part d’œufs produits en cage (classés en code 3) au profit d’œufs issus d’élevages alternatifs (code 2,1 et 0). Comme les autres metteurs en marché, Envie d’œufs ne peut échapper à cette évolution.

Les organisations de production doivent s'adapter et diminuer la part d'œufs produits en cage (classés en code 3) au profit d'œufs issus d'élevages alternatifs (code 2,1 et 0). Ici, un nouvel élevage classé en code 1.

Les organisations de production doivent s’adapter et diminuer la part d’œufs produits en cage (classés en code 3) au profit d’œufs issus d’élevages alternatifs (code 2,1 et 0). Ici, un nouvel élevage classé en code 1.

Transformation et développement

L’investissement de la coopérative Dauphinoise dans le marché de l’œuf remonte à 2011, quand la coopérative a racheté les établissements Seguy installés dans le Vaucluse et la Drôme et le groupe Degut basé dans la Drôme et en Saône-et-Loire. L’association de cette première entité avec l’entreprise Baby Coque en 2016 a abouti à la création d’Envie d’œufs, une entreprise à l’image du marché de l’époque : 60 % d’œufs cage et 40 % d’œufs alternatifs.
« Après un important travail d’harmonisation des pratiques, les premières années ont été consacrées à l’augmentation des performances techniques des poules. », explique Francis Gaud. Mais depuis, transformation et développement du modèle ont été lancés. La campagne de communication présentant la volonté de création d’ateliers de poules pondeuses et de poulettes du groupe a été bien accueillie par les agriculteurs désireux de diversifier leurs activités. « En trois ans, 17 bâtiments ont été créés et une quinzaine va encore arriver d’ici 2020 », détaille Francis Gaud.
Aujourd’hui, le groupe rayonne dans l’ensemble des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, que ce soit au niveau de la production, des centres de conditionnement et de la commercialisation. Il dispose même d’une casserie, implantée en Saône-et-Loire, qui assure la préparation d’œufs liquides pasteurisés. Lors de son dernier exercice, le groupe a commercialisé 1,05 milliards d’œufs et réalisé un chiffre d’affaires de 110 millions d’euros.

Au plus près des consommateurs

Selon Francis Gaud, les consommateurs font aujourd’hui la demande d’ « un œuf alternatif et bio, local et de qualité supérieure ». Consciente de ces attentes, Envie d’œufs se positionne pour y répondre. D’abord, en faisant en sorte que les bâtiments de ses éleveurs soient en adéquation avec cette exigence. Sur les 139 bâtiments référencés par Envie d’œufs, Francis Gaud en compte six encore « en cage » et nécessitant une adaptation. « Le travail est en cours avec ces élevages pour voir comment réussir ce pari », assure le directeur de la structure qui s’est par ailleurs engagé à planter 25 000 arbres dans les parcours pour mieux faire face aux étés de plus en plus chauds. Ensuite, en proposant à ses clients des marques mettant en avant l’origine locale des œufs produits (Baby Coque dans les départements des Savoie, Avibresse dans l’Ain et la région lyonnaise, Val d’Or dans la grande région allant de Lyon à Monaco et IsHere, la marque des produits agricoles et agroalimentaires de l’Isère). « C’est une véritable volonté pour nous de continuer à développer nos marques locales, pour être au plus près de nos consommateurs », insiste Francis Gaud. Et enfin, en portant une attention toute particulière à l’alimentation des poules. « Nous avons la chance de produire des céréales dans nos régions, quand c’est possible, nous les utilisons. A partir de l’année prochaine, nous nous engageons à acheter du soja français. J’estime qu’il n’est plus possible aujourd’hui de continuer à travailler avec un soja qui vient du Brésil », assure le directeur de l’entreprise.
Que la demande des consommateurs évolue n’est pas un fait nouveau. « Au cours des années 2000, c’était autour du goût qu’elles se concentraient. Au cours des années 2010, c’était autour du bio. En 2020, c’est le bien-être animal qui sera au cœur de toutes les préoccupations », assure Francis Gaud. C’est dit. Le marché de l’œuf est considérable (14 milliards d’unités en France). Il progresse de 1,5 % en volume d’une année sur l’autre, mais de 5 % en valeur, étant donné la montée en gamme demandée.

Nouvel élevage de poules pondeuses à Chatte

« C’était le moment où jamais. Si l’exploitation (orientée vers l’élevage allaitant et la production de noix de Grenoble AOC, ndlr) devait prendre un virage, c’était maintenant », assure, enthousiaste, Hélène Mieton, lors de l’inauguration de son tout nouveau bâtiment destiné à accueillir 21 500 poules pondeuses. « Au moment où il y a une demande de plus en plus importante pour l’œuf alternatif, nous avons senti qu’il y avait une opportunité à saisir », confirme la jeune femme.
Pour Hélène Mieton,
Pour Hélène Mieton,
D’où son choix de créer cet atelier pour rejoindre son mari Mickael Mieton et le Gaec de Furand, implanté à Chatte, dans l’Isère. Grâce à un emprunt de 15 ans, le couple a pu faire construire son bâtiment de 2 430 mètres carré, accolé à un parcours de neuf hectares et demi. L’investissement est conséquent. « 957 000 euros », précise Hélène Mieton. Mais l’éleveuse est confiante. En intégration avec La Dauphinoise, elle se sent bien accompagnée : « Nous sommes propriétaires du bâtiment. Mais les poules appartiennent à la coopérative qui nous fournit aussi leur alimentation et s’occupe des soins vétérinaires ». Pour les 18 640 œufs plein air (commercialisés en code 1) qui seront produits chaque jour dans son élevage, elle se trouve garantie d’un prix qui lui permet de payer son emprunt et se dégager un salaire mensuel de 2 000 euros net.
Auparavant salariée de la grande distribution, Hélène Mieton a participé à deux stages dans des élevages en volière et au sol, pour se faire une idée sur le projet qui lui serait le plus adapté. Elle a aussi suivi un BPREA (Brevet professionnel responsable d’exploitation Agricole) polyculture-élevage et une formation sur la biosécurité pour apprendre les règles d’hygiène. Dès l’installation des poules dans le bâtiment, elle sera aussi accompagnée par un technicien de La Dauphinoise, spécialisé dans l’élevage avicole.
IB

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