Carnoët : Vitalac a des solutions pour faire progresser la démédication dans l’aviculture et la porciculture

26/10/2017 – 07H00 Carnoët (Breizh-info.com) – Nous avons déjà parlé de la PME Vitalac, basée à Carnoët, qui emploie 90 personnes et se spécialise dans la nutrition animale. Avec Europrocess (Lannion) et la start-up Tellus environnement qui s’occupe de cartographie HD, elle avait lancé un outil d’aide à la décision pour le tassage de l’ensilage, Symeter. Mais le cœur de son métier reste la nutrition animale, où elle dispose d’une forte expertise en matière de démédication.

Le recours aux médicaments dans l’agriculture intensive est nécessaire, mais est aussi la cause de problèmes nombreux, parmi lesquels le principal est le risque de développement de souches antibiorésistantes qui peuvent ensuite se transmettre aux hommes. Reconnue comme problématique majeure par l’ANSES, elle est la cause de 13.000 décès par an pour 160.000 infections contractées. En 2050, d’après l’OMS, si aucune solution n’est trouvée, l’antibiorésistance causera 10 millions de morts par an.

Il y a deux façons de lutter contre l’antibiorésistance : développer la désinfection, notamment avec des solutions technologiquement disruptives comme l’est le robot de la start-up choletaise Octopus dans l’aviculture… ou tout simplement réduire le recours aux médicaments. Vitalac a choisi la seconde solution.

« On travaille depuis longtemps sur les acidifiants », nous explique Valère Verdier, responsable marketing chez Vitalac. « Chez les animaux monogastriques comme le sont le porc, les poules ou l’homme, les acides favorisent la digestion. On y travaille depuis bien avant que le sujet n’émerge et devienne un marché, on a accumulé plus de 20 ans d’expertise ».

Il s’agit en fait de molécules naturelles, « comme l’acide formique utilisé par les fourmis et les guêpes, l’acide acétique qu’on trouve dans le vinaigre, l’acide tartrique qu’on trouve dans le raisin, des molécules issues de minéraux, de matière organique etc. Chaque acide a sa fonction ». Et les solutions peuvent ainsi être utilisées tant dans l’agriculture conventionnelle que dans le bio. Vitalac constitue ainsi des produits qui permettent de répondre à une problématique donnée, ou un « mix d’acides, comme on sait précisément comment marche le système digestif, on sait lequel interviendra à quel moment et ils fonctionnent ainsi à suivre, pour un ensemble de problématiques ».

Ces acides se présentent sous diverses formes, pour être ajoutés dans les aliments ou l’eau de boisson des animaux, en seaux ou en pots, bidons, futs et autres GRV. « L’objectif c’est d’avoir un effet sanitaire et zootechnique, mais aussi de détruire les bactéries pathogènes. Les médicaments sont vraiment utiles pour traiter efficacement, nous on est là pour prévenir et limiter l’utilisation des antibiotiques afin que le jour où il y en a besoin, ils soient vraiment utiles ».

L’effet zootechnique, c’est quoi ? « C’est l’effet digestif. Les porcs, les volailles, les canards etc. digèrent par acidification. Or un porcelet par exemple, il a un système digestif immature, le bol alimentaire fait tampon. Pendant qu’il digère, le porcelet n’acidifiera pas tout et n’optimisera pas sa digestion. En lui donnant de l’acide, il activera plus de pepsine et digérera mieux ». En l’occurrence, une partie du bol alimentaire reste à un PH de 6,5 à 7,5, alors que les enzymes s’activent vers un PH de 2,5 à 3 ; sans ces enzymes, la digestion du calcium et du phosphore en particulier est compromise.

Par ailleurs, un animal qui digère bien est en meilleure santé. Il tombe moins malade, « et c’est très important pour le bien-être animal. Les acides permettent aussi de lutter contre les infections urinaires chez les truies gestantes », une véritable calamité qui touche jusqu’à un quart des truies par élevage. Et qui peut conduire tant à une mortalité précoce de la truie qu’à des morts-nés chez des porcelets.

Vitalac a acquis une expertise importante et la connaissance des acides est très avancée en France. « Ce n’est pas le cas en Asie en revanche, mais il y a une forte prise de conscience des éleveurs asiatiques, est-européens et nord-américains, couplée à une demande de produits alternatifs, plus respectueux du bien-être animal. On fait donc énormément d’export : près de la moitié des produits Vitalac sont vendus à l’export et on est à bien plus de la moitié pour les acides », complète Valère Verdier. Un concept, « l’acidification programmée », a été lancé par la PME bretonne en 2016 pour présenter et articuler ses solutions autour de l’acidification au service des éleveurs, à savoir la gamme Vitacid.

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