Bio : les consommateurs ne veulent pas dépenser plus

Les consommateurs sont plutôt satisfaits de la diversité de l’offre en bio en France. En revanche, ils critiquent le prix à la fois trop élevé et insuffisamment rémunérateur pour les agriculteurs, selon un sondage Opinionway présenté aux Assises de l’agriculture bio jeudi à Paris. Ils jugent également insuffisant le niveau d’information sur les emballages.

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Les consommateurs ne sont qu’un tiers à estimer convenable la transparence sur les prix et moins de 50 % à juger suffisante les informations sur l’origine des produits, selon le sondage réalisé par Opinionway. Pascal SITTLER/REA

Non seulement le bio est cher, mais en plus, il ne rémunère pas suffisamment le travail des agriculteurs. A lire les résultats du sondage Opinionway présenté jeudi dans le cadre des Assises de l’agriculture biologique, on voit que si les consommateurs s’intéressent de plus en plus près au bio, ils sont de plus en plus critiques. Et  exigeants.

« Le prix demeure un frein pour la majorité des consommateurs », observe Opinionway. Ils ne sont que 5 % à bien vouloir dépenser plus. Pour la majorité des Français, « le prix des produits bio ne prend pas assez en compte le travail des agriculteurs », précise Frédéric Micheau, directeur des études de l’institut de sondage. Les sondés estiment insuffisante la part de 36 % du prix revenant aux agriculteurs. Pour 61 % des personnes interrogées, les marges vont aux industriels et aux distributeurs, alors même que l’objet de  la loi sur l’alimentation était de faire remonter la valeur ajoutée des produits vers les agriculteurs.

Circuits courts

Une solution pour corriger la situation et réduire les prix du bio serait, selon les personnes interrogées, de privilégier la vente en direct et les circuits courts, ainsi que la production en France. Cette piste est défendue par 55 % des jeunes de moins de 35 ans, mais aussi par 68 % des plus de 65 ans. « La massification de la production bio » pourrait également contribuer à peser sur les prix pour une petite moitié des personnes sondées, ainsi qu’une baisse de la TVA pour 42 % d’entre elles et l’octroi d’aides aux agriculteurs pour 23 %.

Si la majorité des Français (61 %) se déclarent « satisfaits de la diversité de l’offre en bio en GMS » (ainsi que par l’offre de produits issus du commerce équitable), ils n’en formulent pas moins encore de nombreuses critiques. Seul un sondé sur deux estime que l’emballage lui convient. « Trop d’emballages. Insuffisamment biodégradables », pestent les interrogés. Les informations sur l’origine sont par ailleurs jugées insatisfaisantes par 48 % d’entre eux. Enfin, ils ne sont qu’un tiers à estimer convenable la transparence.

Des vocations fragiles

Pour Florent Gühl, directeur général de l’Agence Bio, ces résultats montrent que « le développement du bio va se faire mais sous conditions. Si on ne paie pas le différentiel, les agriculteurs ne se convertiront plus au bio. La distribution ne peut pas vendre les six oeufs bio moins cher que  les oeufs pondus en plein air  ». Sur un certain nombre de produits, dont les fruits et légumes frais, « la grande distribution n’est pas le bon circuit. Elle a trop d’investissements à faire pour offrir des produits cueillis à maturité, qui restent beaux », estime le directeur de l’agence Bio.

Beaucoup reste à faire sur le plan agronomique – comme le choix de variétés différentes, rustiques mais éventuellement plus petites. « Le consommateur aussi doit évoluer. Et ne pas attendre exactement les mêmes caractéristiques des fruits bio. Leur taille, leur goût sont différents. Il faudra aussi du temps pour que le consommateur accepte d’acheter des produits de saison et de ne pas trouver de tout toute l’année ».

« La dynamique n’en est pas moins toujours là », affirme-t-il. Le nombre de conversions au bio devrait encore progresser en 2019 et 6.000 agriculteurs de plus devraient entrer ces prochaines années dans cette sphère de production. En 2018, les convertis étaient 6.600.

Marie-Josée Cougard

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