Bien-être animal : qui sont les députés qui ont voté contre les mesures ?

Poules en cages, vidéosurveillance dans les abattoirs… une cinquantaine d’élus se sont opposés à plusieurs dispositions fortes soutenues par l’opposition.

La vidéosurveillance obligatoire dans les abattoirs pour lutter contre la maltraitance, une interdiction totale des élevages de poules pondeuses en cage, des parcs pour les lapins… Ces trois mesures ont été retoquées dimanche lors de l’examen du projet de loi alimentation, au grand dam des défenseurs de la cause animale. Ils sont 48 députés à avoir voté contre l’ensemble des amendements visant à inscrire ces idées fortes dans le texte : 34 LREM, 7 LR, 5 Modem et 2 UDI.

Tous ne représentent pas le monde rural : huit de ces parlementaires ont été élus en Ile-de-France, parmi lesquels les Parisiens Pierre Person et Gilles Le Gendre, macronistes de la première heure.

L’Isère et la Marne ont voté en force contre ces dispositions, avec trois députés chacun. Onze départements ont donné chacun deux votes « contre » lors des trois scrutins publics : Cantal, Côte-d’Or, Côtes-d’Armor, Drôme, Finistère, Ille-et-Vilaine, Loire, Oise, Seine-Saint-Denis, Vienne, Yvelines.

Ancrés pour beaucoup dans le monde agricole

Plusieurs des 48 députés ont des liens étroits avec le milieu agricole. Cinq des 14 agriculteurs de l’Assemblée nationale figurent dans cette liste : le rapporteur du texte Jean-Baptiste Moreau (LREM/Creuse), ainsi que Grégory Besson-Moreau (LREM/Aube), Nicole Le Peih (LREM/Morbihan), Jean-Yves Bony (LR/Cantal) et Nicolas Turquois (Modem/Vienne).

On y trouve aussi des parlementaires issus de familles d’agriculteurs, comme Daniel Labaronne (LREM/Indre-et-Loire) et Géraldine Bannier (Modem/Mayenne). Jean-Claude Leclabart, député LREM de la Somme, est retraité agricole. Quant à Marc Fesneau, élu Modem du Loir-et-Cher, il a travaillé pour la chambre d’agriculture de ce département avant d’être chargé de ces questions pour le mouvement de François Bayrou.

En amont des discussions à l’Assemblée, ces députés avaient participé à de nombreuses rencontres avec les syndicats d’éleveurs. En début d’année, la FDSEA de la Marne évoquait sur son site « son lobbying auprès des députés du département ». « Les médias se font davantage le relais des anti-viande », avait regretté lors d’une rencontre avec les syndicats la députée UDI Lise Magnier, qui a opposé dimanche son triple veto aux mesures pour le bien-être animal. Elle vantait alors les « fermes ouvertes » organisées par la FDSEA, « une initiative positive pour rétablir les vérités auprès des élèves et du grand public ».

Discipline de groupe

Pour autant, tous ces députés ne vont pas systématiquement dans le sens de la filière agricole. Ainsi six d’entre eux avait signé, en octobre dernier, une tribune dans Le Monde contre l’utilisation du glyphosate, cet herbicide classé comme « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

Certains élus LREM semblent avoir plutôt agi par discipline de groupe, le gouvernement préférant aux amendements de l’opposition des mesures plus symboliques : la vidéo seulement pour les abattoirs volontaires, l’interdiction des élevages de poules en cage seulement pour les nouveaux établissements, etc.

« Il faut faire confiance à la filière et ne pas attendre tout de la loi. Je peux en témoigner en tant qu’éleveuse de volailles en plein air en contact quotidien avec les animaux. Je n’ai pas attendu pour assurer le bien-être au sein de mon élevage et de mon atelier de transformation », a argué dimanche la députée Nicole Le Peih. « Passer par la loi et par des objectifs théoriques risquerait de fragiliser la filière. »

Imprimer