
Dans les rayons des supermarchés, la chasse aux œufs a démarré avec le confinement, le 17 mars. Et la traque ne faiblit pas, même après Pâques, observe Laurence Girard, journaliste au « Monde ».
Matières premières. L’œuf crâne… Pensez donc, depuis le début de la crise liée au coronavirus, cette denrée se trouve au cœur de l’approvisionnement des Français. Une vraie star des listes de courses. La chasse aux œufs dans les rayons des supermarchés a démarré avec le confinement, le 17 mars. Et la traque ne faiblit pas. Selon le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO), semaine après semaine, les ventes explosent sur un rythme de + 30 % à + 40 % comparé au flux d’achat habituel. La tendance se poursuit même après Pâques.
Avec le Covid-19, l’œuf sort de sa coquille. Au sein des familles, on se découvre des talents de pâtissier et on multiplie les ateliers gâteaux avec les enfants. D’ailleurs, le rayon farine est tout autant dévalisé. Autre élément qui pousse les Français à gober les œufs en accéléré : cet aliment fournit une protéine bon marché. Un point à ne pas négliger quand les cantines sont fermées.
Une telle fringale met la filière sur les dents. Au point que, parfois, le client fait chou blanc. Des ruptures d’approvisionnement sont bien réelles dans certains magasins. Pourtant, les poules ne se sont pas mises en chômage partiel. « Près de 40 millions d’œufs sont pondus chaque jour en France », rappelle Philippe Juven, président du CNPO. Mais tous ces œufs ne vont pas dans le même panier. D’ordinaire, 40 % du fruit de la ponte est vendu en magasins, un tiers est transformé par l’industrie et le solde alimente la restauration et les cantines. La baisse de régime de l’industrie, la fermeture des restaurants et la forte demande dans les supermarchés imposent de réorganiser les flux.
Les fabricants de boîtes sous pression
Cependant, jongler avec des œufs est un exercice délicat. D’autant qu’il faut jouer avec deux couleurs, le blanc et le roux. Les Français boudent les coquilles blanches. A l’inverse, les industriels les plébiscitent, car les poules blanches sont de grosses pondeuses…