Agriculture. Volaille : concentration accélérée dans l’accouvage

Historiquement constitué de PME, le secteur de l’accouvage, qui consiste à fournir des poussins ou canetons d’un jour aux éleveurs de volaille, a connu de nombreux rachats ces derniers mois.

L’accouvage, activité qui consiste à fournir des poussins ou canetons âgés d’un jour aux éleveurs de volaille (poulets de chair, canards, poules pondeuses…), a connu une année 2018 mouvementée, émaillée par le rachat de plusieurs établissements indépendants. À l’origine de ces opérations, on trouve les

– désormais – trois principaux opérateurs du marché : le géant de la volaille LDC (marques Le Gaulois, Maître Coq), le tandem d’accouveurs belgo-danois Belgabroed et DanHatch, et l’accouveur français Orvia. Ils représentent désormais «probablement plus de 50% du marché», selon Louis Perrault, président du Syndicat national de l’accouvage (SNA).

Attraits de la France

Ces derniers mois, le secteur a d’abord été marqué par l’entrée détonante d’un opérateur étranger dans l’Hexagone, le tandem Belgabroed et DanHatch. Depuis 2017, ces deux groupes d’accouvage, bien implantés au nord de l’Europe, ont successivement racheté trois couvoirs indépendants français : Goasduff (Finistère), Josset (Morbihan) et Saint-Marcellin (Isère). Ils représentent aujourd’hui entre 20 et 30 % du marché français, selon le SNA.

De son côté, LDC a mis un pied dans l’accouvage, en mettant la main sur les activités d’accouvage de Doux et sur le couvoir indépendant Perrot (Côtes-d’Armor), qui a lui-même racheté l’activité d’accouvage d’UKL (Finistère). Enfin, le vendéen Orvia s’est saisi d’une partie des actifs du sarthois Caringa, spécialisé dans le bio.

Pour expliquer ce mouvement, Louis Perrault rappelle qu’en France, « les entreprises d’accouvage sont des histoires de famille, et elles ont aujourd’hui du mal à passer la troisième génération». Face à des investissements croissants, ces PME font face à quelques difficultés (déclin de l’export du poulet vers le Moyen-Orient, montée du risque de grippe aviaire…), qui peuvent les incliner à s’adosser à de grands groupes. Pour autant, pour Jean-Yves Goasduff, directeur général des couvoirs du même nom, «il y a autant d’explications à ces opérations que d’entreprises rachetées».

Parmi elles, il faut citer les motivations du groupe belgo-danois à investir en France.«Quand on les interroge, explique Louis Perrault, ils nous répondent qu’ils voient la France comme un territoire d’opportunités, où il existe des terres disponibles, avec davantage de facilités d’autorisation d’installation que dans leurs pays». Et d’ajouter : «La France est vue comme un précurseur de la diversification et des espèces à croissance lente. Ils viennent chercher ce savoir-faire. C’est une valeur forte de notre pays, qui était vue il y a encore quelques années comme une faiblesse, mais qui correspond aujourd’hui aux évolutions de la demande des consommateurs.»

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