
Ce jeudi, le président de la République reçoit 1 000 jeunes agriculteurs de toute la France. Gwenaëlle Etrillard, associée dans un Gaec familial de Renac, près de Redon (Ille-et-Vilaine), donne ses priorités.
Gwenaëlle Etrillard fait partie de la délégation de jeunes agriculteurs qui rencontrent aujourd’hui Emmanuel Macron. Installée en Ille-et-Vilaine, elle se lance dans l’élevage de poules pondeuses pour vendre des oeufs en direct. Elle raconte :
“Je me retrouve à aller à l’Élysée ce jeudi un peu par hasard ! Je ne suis pas syndiquée, mais un agriculteur que je connais m’a dit que le président de la République était prêt à rencontrer 1 000 jeunes pour faire le point. J’ai réfléchi et je me suis dit qu’à 31 ans, j’ai une idée de ce qui va et ne va pas dans le monde agricole. Je suis née dedans. Mon frère et ma mère ont un Gaec (groupement agricole d’exploitation en commun) de 90 vaches.”
“Une ferme, c’est une entreprise à part entière”
“J’ai fait des études d’aménagement du territoire. J’ai travaillé dans le développement des produits locaux en Normandie et en Bretagne. Et puis, j’ai choisi de m’associer à ma famille pour lancer mon élevage de poules pondeuses bio. C’est tout un cheminement professionnel et personnel. Ce que j’ai envie de dire à Emmanuel Macron tient en quelques points. Le premier, c’est que je voudrais que le président et l’État en général prennent mieux en considération l’agriculture. Une ferme, c’est une entreprise à part entière. Comme d’autres activités, on fait vivre le territoire économique, surtout en Bretagne avec l’agroalimentaire.”
“C’est impossible de s’en sortir dès qu’il y a trop d’intermédiaires”
“Le prix de vente, c’est vraiment la priorité à régler. J’ai choisi de me lancer en vente directe justement parce qu’aujourd’hui, c’est impossible de s’en sortir dès qu’il y a trop d’intermédiaires. L’État arrive à imposer des réglementations aux agriculteurs, mais pas à la grande distribution ou aux transformateurs, c’est quand même fou ! Ces groupes pèsent lourd, mais nous, si on se met tous ensemble, on représente aussi des emplois, des investissements. Il faut que chacun puisse garder la main sur ses ventes. Au Gaec, on négocie avec les acheteurs directement. Si l’un d’eux ne nous donne pas le prix minimum pour vivre, on refuse. C’est un risque, mais dans l’ensemble, on trouve un terrain d’entente, car ils ont besoin de viande.”
“J’aimerais qu’un système plus équitable”
“J’ai envie d’insister sur la qualité des produits français. Nous sommes reconnus à l’international, mais en même temps, on a l’impression que les accords commerciaux comme le Ceta vont donner plus de place à la production d’autres pays et qu’on brade les nôtres. J’aimerais qu’un système plus équitable soit mis en place entre la France et ses partenaires. Par exemple en bio, nous sommes soumis à des conditions très strictes que n’ont pas d’autres pays.”
“Les zones commerciales poussent partout sans réfléchir”
“Notre label France est beaucoup plus exigeant que l’européen, mais ce n’est pas clair pour le consommateur. L’idée serait de tout remettre à plat, non pas pour tout harmoniser vers le bas, mais pour trouver un bon équilibre.
La question des terres se pose aussi. Les communes font attention à l’urbanisme pour construire les logements en prenant moins de foncier qu’auparavant. Mais, par contre, les zones commerciales poussent partout sans réfléchir à l’espace qu’elles grignotent et aux besoins qui ne sont pas toujours fondés.”