La Poulemania s’empare de la cité ponote

Des œufs frais en plus, des ordures en moins et des mimiques hilarantes. La poule a tout pour plaire et les Ponots s’en sont aperçus. Ils sont de plus en plus nombreux à en accueillir dans leurs jardins.

Elle a l’œil vif, une démarche bien à elle, des mimiques hilarantes et sa cote de sympathie grimpe en flèche. Longtemps cantonnée à la basse-cour, la poule fait une ascension sociale exceptionnelle. Elle est partout, dans tous les jardins et tout le monde la veut.

Pour preuve, l’été dernier, la vente de volatiles dans l’animalerie de la zone de Chirel au Puy, « a cartonné ». Parole de vendeuse. Il a suffi d’une promotion pour que les dernières bêtes à plumes disponibles s’envolent du commerce. Il y en avait deux cents, les plus convoitées étant « les poules d’ornement ». Et où sont-elles allées ? En ville ! « Elles ont majoritairement été achetées par des citadins », confirme la vendeuse.

 

Oui, la “poulemania” s’est emparée de la cité ponote. Elle a même gagné le jardin de l’évêché en vieille ville, en 2015. L’évêque Luc Crepy, installé depuis « deux ou trois mois », reçoit un cadeau de bienvenue : un coq nain et sa dulcinée. Un cadeau ne se refuse pas, le couple s’installe dans un poulailler « amélioré » par Luc Crepy. Il y séjourne plusieurs semaines, mais l’évêque, cet « amoureux des animaux », s’en sépare. Le coq de petite taille « chante fort » et réveille le voisinage au beau milieu de la nuit. Mais le fâcheux épisode ne décourage pas le religieux.

Dans les semaines qui suivent, Mgr Luc Crepy reçoit un cadeau puis un autre et encore un. Aujourd’hui, six poules gambadent dans le jardin de l’évêché. Il y a deux anglaises, des Orpington baptisées Kate et Élisabeth, une allemande répondant au doux nom d’Angela et trois poules naines hollandaises et chinoises. Elles étaient plus nombreuses encore il n’y a pas si longtemps, mais l’une d’elles est portée disparue et « deux autres ont été tuées par une martre, l’hiver dernier », raconte l’évêque.

Kate, Élisabeth et Angela

S’occuper des poules, les nourrir, les sortir, c’est Luc Crepy qui s’en charge, sauf quand il s’absente. « C’est pas contraignant. Et puis les poules, c’est sympathique et commode. Elles mangent les restes de table et à l’évêché, on reçoit du monde. On essaie de réduire les déchets. C’est mieux que de les jeter à la poubelle ».« À Lourdes, avec les autres évêques, on parle “poule” ». Luc Crepy Évêque du Puy.

L’évêque aime aussi ramasser les œufs, les distribuer à la dizaine de personnes qui travaille à l’évêché et confesse que « c’est aussi pour lui, un formidable sujet de conversation. Plusieurs évêques ont des poules comme celui de Meaux. Quand on se voit à Lourdes, on parle “poule”. Au Puy, les poules de l’évêque font sourire ». Et Luc Crepy est le premier à s’en amuser. Quand on lui demande dans la rue des nouvelles de Kate, Élisabeth et Angela ( ça lui arrive régulièrement !), ce docteur en biologie végétale se prête au jeu. « Les poules, ça cultive l’humour et dans ce grand évêché un peu froid, c’est accueillant ». Au Puy, les poules de l’évêque font peut-être « jaser », mais bien d’autres peuplent les jardins de la cité ponote. Sylvie, elle, en a adopté pour « avoir des œufs frais. Ce n’est pas tellement pour réaliser des économies, mais c’est plaisant, les enfants adorent ». Et puis Roussette et Colette ( tout récemment emportées par un prédateur) tenaient compagnie au chien.

Il y a aussi ces Ponots qui, comme Virginie, n’ont pas de jardin, mais plein de poules. Âgée de 31 ans, cette habitante de la vieille-ville en a acheté une quinzaine ( sept pondeuses et d’autres pour leur chair) l’été dernier et les a confiées à ses parents. « J’aime savoir ce que je mange et c’est écolo », s’enthousiasme-t-elle. Elle qui a toujours voulu des poules, la voilà servie !

Ophélie Crémillieux

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