La FNSEA et la loi sur l’agriculture : “ Il y a des avancées, mais… ”

Responsable national à la FNSEA, le Cantalien Patrick Bénézit est venu disséquer le texte de loi en discussion à l’invitation du syndicat des Deux-Sèvres.

Au beau milieu de l’examen de la loi sur l’agriculture et l’alimentation, la FNSEA 79 ouvrait la discussion mardi soir à Châtillon-sur-Thouet. Le syndicat agricole que préside Alain Chabeauty avait invité Patrick Benezit, secrétaire général adjoint de la FNSEA, pour décortiquer le texte qui vient d’être voté par l’Assemblée nationale avant d’arriver sur le bureau du Sénat. En spécialiste de ces questions, l’éleveur du Cantal ne s’emballe pas à l’issue de la première étape, appelant au contraire à « une grande vigilance ».
“ Ce qui est en plus franco- français nous hérisse les poils ” Sur la partie économique de la loi, « à savoir permettre à près de 500.000 agriculteurs français de vivre de leur métier », le syndicat rappelle avoir déposé de nombreuses propositions « afin que la baisse draconienne des prix puisse être inversée. Toutes les lois ont été faites pour exercer une pression sur les tarifs en vertu de l’intérêt du consommateur », estime Patrick Bénézit. « Or les agriculteurs ne gagnent pas leur vie, la répartition des marges est incohérente et les consommateurs n’y retrouvent pas leurs petits. »
Bilan d’étape, la profession estime « avoir été entendue » sur les principaux points qu’elle a défendus : « Il y a eu des avancées, et nous souhaitons que le Sénat les bonifie, car le texte prévoit que le coût de production peut entrer dans la constitution du prix ; les filières peuvent proposer des contrats ; enfin de nouvelles conditions ont été définies contre les prix abusivement bas et l’encadrement des promotions élargi aux marques distributeurs… » liste sommairement le responsable national de la FNSEA. Pour autant, la méfiance reste de mise « car certains points ont été actés par les parlementaires sans l’aval de certaines administrations et du gouvernement ». Sur le deuxième volet du texte, l’alimentation, la FNSEA se dit « opposée à toute réglementation supérieure à ce qu’imposent les autorités européennes. Nous sommes favorables à des évolutions en terme d’attentes sociales », souligne Patrick Benezit, « mais pas de surtransposition, même si la cause est louable. Tout ce qui peut être en plus franco-français nous hérisse le poil. Soit c’est tout le monde, soit c’est personne ». Qu’il s’agisse des poules pondeuses dans les cages ou de l’interdiction du glyphosate, par exemple : « Si on interdit cette molécule, pourquoi laisser entrer des produits traités avec ? ». Dans ce contexte, la FNSEA, tout en admettant que « les agriculteurs ont plus de leviers sur les prix », dénonce « les incohérences de certains accords internationaux », comme le traité de libre-échange avec le Canada ou le Mercosur. Alain Chabauty abonde : « On voit au fil des jours de nouveaux groupes d’agriculteurs prendre conscience des dégâts, à l’exemple de l’Italie ».

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